Escapade à Amsterdam

On y va pour ses canaux, ses maisons à pignons, ses musées et on découvre un laboratoire du futur. La Venise du Nord n'a rien de passéiste! Cité maritime, Amsterdam, comme Liverpool, Barcelone ou Hambourg, reconquiert son littoral. Ses friches industrielles, ses docks réhabilités, il faut les explorer à rebours de l'habituel flux des touristes. Une autre Amsterdam.

 

Balade avec Marianne Lohse ©

 

 

Muziekgebouw Photo Erik Van Gurp

 



Bien sûr, on flâne toujours avec bonheur dans Jordaan, l'ancien quartier ouvrier ou le long des quatre canaux, sublimes, qui enserrent le centre historique. Tout visiteur se doit de voir au moins un musée .Incontournable : le musée Van Gogh (200 tableaux, 500 dessins, 800 lettres).

 

 

Le peintre dont on commémore aux Pays-Bas, en Belgique, en Angleterre et en France le 125ème anniversaire de la disparition (ces pays ont marqué sa vie et son œuvre), est plus présent que jamais. Mais pour prendre la mesure du renouveau d'Amsterdam, c'est à l'est, vers les iles orientales qu'on mettra le cap. Java, KNSM, Bornéo et Sporenburg méritent vraiment le détour. En dix ans, ces quartiers sont devenus le lieu d'élection d'une armée d'architectes, de designers, de créatifs. Confrontée à la pénurie de logements, la ville, l'une des plus densément peuplée d'Europe, devait résoudre ce dilemme : que faire de 140 hectares de terre et de 160 hectares d'eau ? Le bus 48 (l'arrêt se trouve prés de la Gare Centrale) mène à Java où l'on se promènera, avant de gagner les autres iles, à pied ou à vélo.

Sur l'Oosteljik Havengebied (la région portuaire orientale) hier encore un désert, les habitations se sont multipliées :120 résidences par hectare! Une population plutôt jeune et branchée a suivi. Derrière l'imposante salle de concerts Musziekgebouw, apparait Java. Dix neuf architectes y ont revisité l'habitat XVIIème siècle du centre historique, avec d'étroites maisons colorées de 4,50m de large, toutes différentes mais accolées les unes aux autres dans une fascinante cohésion. L'ile est sillonnée de canaux (artificiels) que franchissent neuf charmantes petites passerelles arrondies, dessinées par les artistes Guy Rombouts et Monika Droste. Un pont d'acier rouge vif relie Bornéo et Sporenburg .Sa forme ondulante lui a vite valu le surnom de «Pythonbrug ».

 

 

Pont Rouge2 Pythonburg Amsterdam Marketing

 

Sur Bornéo, une soixantaine de résidents se sont vu offrir la possibilité d'imaginer la maison de leurs rêves. Alignées dans Scheepstimmermanstraat, elles n'ont en commun que leur hauteur et leur jardin sur le toit. Sur Sporenburg, La Baleine, un immeuble conçu par Frits Van Dongen (il évoque un cétacé sortant des flots) est déjà une icône. Ce complexe de 13 étages, au toit d'aluminium et aux écailles de zinc en façade offre un ensoleillement optimal. Exploité jusqu'en 1977, KNSM, l'ancien port de la Compagnie Royale des bateaux à vapeur néerlandais, a été restructuré par Joe Coenen. Au Piraeus, un édifice de briques brunes plutôt rébarbatif, on préférera le Barcelona, un immeuble en hémicycle fermé par une grille de toute beauté. Ou l'ancienne cantine qui abrite, aujourd'hui, des lofts très recherchés. KNSM ravira les amateurs de design : Loods 6 (Hangar 6) y est un petit paradis pour branchés avec les boutiques Sissy-Boy Homeland, Pol's Potten et Keet in Huis.

 

 Petit pont sur l'ile de Java,.Amsterdam Marketing

 


Toujours à l'est, au large de Java, il faut prendre un verre ou déjeuner au Llyod Hotel (à rejoindre, depuis le centre ville, à bord du tramway 26).Construit en 1921 par Evert Breman pour la Royal Dutch Lloyd, première compagnie maritime à établir une liaison avec l'Amérique du Sud, ce chef d'oeuvre art déco servait de pension aux émigrants. On ne tarda pas à lui adjoindre un centre de quarantaine. Après la banqueroute de la Royal Dutch Llyod, en 1936, la ville en devint le propriétaire. Asile pour les Juifs durant la montée du nazisme puis prison, le bâtiment était en ruines. Il revit, reconverti en hôtel. Une reconversion peu banale puisqu'il offre des chambres aménagées par de grands designers néerlandais, allant d'une étoile à cinq étoiles! Suzanne Oxenaar, la directrice artistique et Otto Nan, le directeur, ont bataillé pour que le Lloyd revive autrement, accueillant aussi bien des célébrités que des «bag packers». Avec son lumineux atrium, ses chambres aux ingénieuses cloisons amovibles, ses meubles vintage et design, son espace dédié à des expositions, le Loyd qui se veut aussi une «ambassade culturelle » est un des lieux les plus surprenants et les plus agréables d'Amsterdam.

 

Intérieur du Lloyd Hotel Amsterdam Marketing 

 


En regagnant le centre, sur l'Oosterdock, un bâtiment effilé comme une proue de navire accueille le Science Center NEMO, conçu par Renzo Piano. Sa façade verte, de cuivre oxydé, reflète l'entrée du tunnel qui mène au nord. Destiné principalement aux enfants, interactif et ludique, il ne désemplit pas !

 

 

 

 

 

A quelques encablures, OBA, la bibliothèque publique dessinée par Joe Conen, 28000 m² et 300 ordinateurs en libre accès, est la plus vaste d'Europe. A visiter absolument, même si l'on n'est pas un passionné de lecture, pour son architecture, sa terrasse et l'épatant buffet du café-restaurant La Place.
Mais c'est sans doute sur la rive nord de l'IJ (le lac intérieur) hier encore délaissée et surnommée « Le mauvais côté » que se poursuit l'expansion la plus spectaculaire. Dédié au 7ème Art, The Eye est depuis 2012 le bâtiment-phare du nord. D'un blanc éblouissant, l'Eye (un oeil mi-clos), réalisé par les architectes autrichiens Delugan Meissl, offre quatre salles de cinémas, des expos, des jeux interactifs( on peut y charger un film sur son portable),des restaurants. On y accède avec un bac (gratuit) à prendre derrière la gare centrale.

 

 

 

 


Vingt quatre heures sur vingt quatre, des ferries relient les deux rives de l'IJ. Direction l'île NDSM, un gigantesque chantier naval désaffecté depuis 1984. C'est devenu un lieu hyperbranché depuis l'installation d'IDTV, une des plus importantes sociétés de production télévisée. Un décor irréel où se côtoient une Art Factory, des containers reconvertis logements étudiants, un café installé dans une serre, un hôtel aménagé dans une grue…

 

 

 


Pratique


Y aller
En trois heures vingt, avec Thalys, depuis la gare du Nord. www.thalys.fr

 

S'informer, se loger
www.holland.com


Se déplacer
A vélo ! www.orange-bike.nl permet d'en louer dans plusieurs endroits de la ville.

Découvrir Keukenhof
Séjourner à Amsterdam, au printemps, est une merveilleuse opportunité pour découvrir l'un des plus beaux parcs paysagers du monde. Plus de sept millions de bulbes à fleur dont 800 différentes sortes de tulipes s'y épanouissent. Un rêve en technicolor facilement accessible en bus direct depuis la gare de Schipol ou en voiture, par la A4.

Attention ! Keukenhof ferme le 17 mai. Les bulbes, entièrement plantés à la main (une opération qui dure trois mois) seront alors tous arrachés et détruits. Keukenhof, c'est 32 hectares fleuris, véritable catalogue vivant de 100 horticulteurs, de sublimes expositions de fleurs coupées, de plantes en pot et d'arbustes, dans trois pavillons. A ne pas rater: le Pavillon Willem-Alexander et son exposition de lis et le Pavillon Beatrix où l'on peut voir orchidées, anthuriums et broméliacées. Cette année, Keukenhof rend hommage à Vincent Van Gogh, disparu il y a cent vingt cinq ans, avec un spectaculaire auto-portrait du peintre, une mosaïque de fleurs réalisée à partir de 60000 tulipes et muscaris. Pour la première fois, trois musées dont le Musée Van Gogh d'Amsterdam proposent d'ailleurs un Tour Keukenhof-Van Gogh 2015.
www.keukenhof.nl

 

Keukenhof, photo Keukenhof

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