Le Massif des Maures et la découverte des châtaigneraies
Au dessus de la chapelle Notre Dame des Anges s'élève un pylône de radiodiffusion dont la silhouette marque le paysage loin à la ronde. C'est le point de repère de ce fabuleux panorama . Perchée sur le deuxième sommet des Maures à 768 m, la chapelle dans le village de Pignans est un havre de paix pour marcheurs et pèlerins. Par dessus la forêt des Maures composée de châtaigniers, de chênes-lièges et pins maritimes, le panorama se déploie jusqu'à la rade de Toulon... Plusieurs fois centenaires, les châtaigneraies du Var se situent plus précisément sur les communes du sud du département : Collobrières, La Garde-Freinet, les Mayons, Gonfaron, Pignans et Camps La Source. Ici, nous sommes au point de vue du Fort Freinet, La Croix et la Baume des Maures. Les trois derniers dimanches d'octobre les fêtes de la châtaigne rassemblent de nombreux artisans qui exposent leur savoir-faire.
Reportage : Claire Vuillemin
A La Garde Freinet, il faut en effet gagner le nid d'aigle de son fort qui fut place forte des Sarrasins pendant un siècle. Du belvédère, l'horizon vous emmène jusqu'au golfe de Saint-Tropez. Entre deux, les châtaigneraies se déploient...
La castanéiculture est longtemps restée l'un des piliers de l'économie locale. En 1950, on récoltait 4000 tonnes de châtaignes sur l'ensemble du Massif des Maures. Depuis, la production n'a cessé de baisser, atteignant à peine 150 tonnes dans les années 2000.
Outre l'aspect productif, il ne faut pas négliger le rôle des châtaigneraies dans la lutte contre les incendies de forêt. Leurs qualités de pare-feux ont servi à maintes reprises.
De quoi s'agit-il ?
"La châtaigne est le fruit du châtaignier. Le terme désigne aussi la graine comestible contenue dans ce fruit. Les châtaignes non cloisonnées sont appelées des marrons, à ne pas confondre avec le marron d'Inde, qui est la graine (toxique) du marronnier d'Inde ou marronnier commun" (Wikipedia).
"Châtaigne: femelle du marron", écrivait Gustave Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues. L'abus courant de langage qui consiste à dire "châtaigne" à la place de "marron" amplifie la confusion. Si on parle bien de production de "châtaignes", pour ce qui touche au fruit cultivé, on appelle donc la châtaigne "marron" dès lors qu'elle est transformée et mise en bouche. La châtaigne était en effet l'aliment de base dans les foyers pauvres au XIXe siècle, et elle était souvent servie aux porcs. On lui a donc préféré l'appellation plus noble de "marron".
Dans une bogue de châtaigne, hérissée de nombreux piquants fins, vous trouverez trois fruits. La bogue est surmontée d'une petite pointe, le reste du pistil desséché. Le marron, quant à lui, a sa bogue pourvue de petits pics drus, courts et plus espacés, et vous ne trouverez qu'un fruit beaucoup plus rond en l'ouvrant.
Le fruit provient-il d'un arbre planté en ville, dans une allée ou une cour d'école? Il s'agit probablement du fruit du marronier. Le fruit est-il au contraire ramassé dans une forêt ou un verger? Il s'agit sûrement d'une châtaigne.
Le saviez-vous ?
Dans le Var, la variété dominante " le marron du Var " est plus communément appelée " la Marouge ". C'est une variété à " marrons ", c'est-à-dire que les arbres produisent moins de 12% de fruits cloisonnés.
Autres variétés du Var : l'Impériale (variété rustique donnant de gros fruits), la Batarde (variété tardive donnant de gros fruits, parfois farineux, récoltés jusqu'en novembre), la Pignansie...
Selon l'INRA, plus de 700 variétés traditionnelles de châtaignes existent en France.
La châtaigneraie du Var (près de 2500 hectares, surtout concentrés dans le massif des Maures où les sols schisteux sont acides).
Dans l'assiette
D'une excellente qualité gustative, ce marron du Var se commercialise essentiellement en fruits de bouche (châtaignes fraîches ou grillées, ou encore cuite à l'eau pour une purée), mais, à Collobrières, capitale auto-proclamée de la châtaigne, il fait de succulents marrons glacés et de la crème de marron.
La Garde-Freinet
Collobrières : randonnée dans les châtaignes
A déguster : la crème de marrons d'un producteur local "Aux saveurs de Provence", de l'autre côté du petit pont à gauche de cette façade aux volets bleus :
Dans Collobrières
La langue française discrimine donc la châtaigne au profit du marron. Les expressions autour de ce dernier ne manquent pas. "Tirer les marrons du feu pour quelqu'un", c'est rendre service à quelqu'un de manière risquée. Mérimée cite ainsi dans une de ses Lettres "les niais qui s'imaginent travailler pour eux-mêmes et qui tirent les marrons du feu pour les autres". Un "marron" qu'on flanque ou qu'on encaisse, c'est un coup de poing. "Chaud les marrons!", dit-on souvent également pour évoquer une opération délicate. Dans un sens plus vieilli, on utilise l'adjectif "marron" pour désigner le clandestin. Un cochon "marron" est un cochon qui s'est échappé pour retourner à la vie sauvage. Un médecin "marron" exerce son activité illégalement. Quant au "marronage", ou "marronnage", il désigne historiquement la fuite d'un esclave.
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