Escapade en Moselle
Photos : Claire Vuillemin ©
La ville de Metz (Moselle) se blottie sur une butte dominant la confluence de la Moselle et de la Seille. Cela lui confère d'emblée un charme particulier. En ce mois de décembre, le soleil fait toujours chanter la pierre dorée de ses façades malgré le froid. On flane sur les places bordées d'arcades. La place d'Armes où trône l'imposante cathédrale Saint Etienne, la place de la République avec son grand sapin de Noël, la place de la comédie, les places Saint-Jacques et Saint-Louis où l'on peut déguster des spécialités locales...
Certes, on pense d'emblée à "ville de garnison" quand on évoque la ville de Metz. Mais il faut aller au dela de ces idées reçues.
Les villes de garnison n'ont généralement pas bonne réputation mais cette idée reçue est bien injuste. On imagine ces villes entre casernes, fortins et places d'armes, sévères, ennuyeuses, confites dans le respect de la discipline et de l'uniforme. La ville de Metz est tout le contraire. Joyeuse, aérée, lumineuse elle est en plus dotée d'un très riche patrimoine architectural.
La vieille capitale lorraine m'a charmée. Elle possède près de 430 hectares de parcs et jardins. Elle compte une bonne vingtaine de kilomètres de promenades et de quais fleuris. Avec ses quartiers anciens aux ruelles étroites et ses perspectives majestueuses elle ressemble davantage à une ville d'art qu'à une ancienne place forte.
Le passé de Metz, son Histoire, se lit dans ses pierres. Si la cité antique n'existe plus que par de rares vestiges, à chacune des grandes époques de son Histoire (le Moyen-Age, les 17e et 18e siècles, l'occupation allemande) correspondent des quartiers tout à la fois bien individualisés et en parfaite harmonie avec les autres.
Si tous les paysages mosellans conservent des traces d'un passé tumultueux, deux régions du département offrent une densité remarquable de châteaux et de fortifications : le "pays des Trois Frontières" (à une cinquantaine de km au nord de Metz) et le "pays de Bitche" (à l'est du département). Car il a fallu se protéger au cours de l'Histoire. Des oppidums aux forteresses, des camps retranchés romains aux souterrains bétonnés de la ligne Maginot, la Moselle a déployé au cours des siècles d'invasions, de guerres et de dévastations toute une panoplie de moyens de défense...
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Bitche et sa citadelle
© Gilles Pecqueur
La citadelle de Bitche est en cela remarquable, elle domine la ville comme une acropole. On la voit de loin, en arrivant de la route qui vient de Sarreguemines... Certes on peut préférer la beauté nostalgique des châteaux forts médiévaux à la sévérité des forteresses de Vauban. Pourtant, la citadelle de Bitche vaut le détour. La puissance qu'elle dégage est impressionnante. Ses fossés, ses bastions, ses demi-lunes, ses escarpes et ses glacis constituent un ensemble étonnant qui semble presque écraser la ville blottie à ses pieds.
La citadelle de Bitche
© Gilles Pecqueur
https://www.tourisme-paysdebitche.fr
Le "pays de Bitche" est cerné entre l'Allemagne et l'Alsace et relié au reste du département par l'étroit goulot de Sarreguemines (Bitche est à 33 km à l'est de Sarreguemines). Ce morcellement géographique explique que la région fut longtemps divisée en d'innombrables seigneureries rivales, se guettant l'une l'autre d'un sommet fortifié. Aujourd'hui, il ne reste que des murailles brisées de ces forteresses et ces châteaux qui couronnaient presque tous les sommets du coin. C'est le cas du château d'Arnsbourg, celui de Waldeck (au sud-est de Bitche) et du château de Falkenstein. Ces châteaux ne se visitent pas car ils n'ont que leurs ruines à offrir. Mais il faut s'y rendre car ils offrent des paysages à couper le souffle... et, si on est féru d'Histoire, on peut juste imaginer les innombrables batailles dont ces lieux ont été le témoin.
On peut dire qu'autour de Bitche, les ruines seules montent la garde mais qu'au pays des Trois Frontières, les châteaux ont sauvé leurs murailles.
Un bel endroit à Bitche : le Strasbourg. Cet hôtel-restaurant tenu par Cynthia et Lutz Janisch offre un cadre et une gastronomie de qualité.
Autre lieu, autre ambiance donc. Au nord de Thionville, là où se rencontrent la France, le Luxembourg et l'Allemagne s'étend un paysage paisible de coteaux couverts de vignes, de forêts et de campagnes largement ouvertes. L'ambiance d'une paix trompeuse. Le nombre d'ouvrages militaires que l'on y découvre résume assez bien le nombre d'épreuves que le pays des Trois Frontières a connu au cours de l'Histoire.
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Château de Malbrouck
Le château de Mensberg, dit "château de Malbrouck" est sans conteste le plus impressionnant du coin. Il est perché sur une colline escarpée, il domine donc le village de Manderen et veille ainsi sur les frontières allemande et luxembourgeoises, toutes proches. Pendant la guerre de Succession d'Espagne (1701-1714), le château fut le quartier général du duc de Malborough (1650-1722), à qui il doit son surnom et qu'une fameuse chanson immortalisa. A la tête des armées de la " Grande Alliance de La Haye ", le duc multiplia les victoires contre les troupes et les généraux français...
Acquis en ruines par le Conseil général de la Moselle en 1975, le château de Malbrouck a retrouvé son allure de forteresse du XVe siècle. L'édifice resplendit à nouveau, pour le plus grand bonheur de son ancien propriétaire, Joseph Weiter, né au château en 1930, année du classement du lieu en Monument historique.
A moins de dix kilomètres à l'ouest de Manderen, le château fort de Sierck-les-Bains offre un superbe point de vue sur la vallée de la Moselle et, au-delà, sur les collines luxembourgeoises. Bâti sur un éperon rocheux, sa consruction remonte au XIe siècle. On comprend qu'il ait été l'une des résidences favorites des ducs de Lorraine. A la fin du 17e siècle, Vauban relève ses fortifications en les adaptant aux progrès de l'artillerie. Malgré des destructions successives, le château de Sierck-les-Bains reste l'un des plus remarquables exemples d'architecture militaire de la Moselle.
A dix kilomètres environ à l'ouest de Sierck, Rodemack est à juste titre classé parmi les plus beaux villages de France. 600 mètres de remparts, une porte fortifiée (la porte de Sierck) datant du 13e, une tour du 14e protegeant le château, une maison du Bailli, petit château édifié au 16e siècle, des ruelles étroites bordées de maisons gothiques ou Renaissance... le village de Rodemack a de quoi charmer.
Metz est également connu pour son marché de Noël. Une bonne centaine de chalets sont répartis sur cinq places de la ville. La place de la République concentre l'essentiel des activités, avec son sapin, ses deux manèges et sa tour panoramique de 72 mètres de haut (City Skyliner) offrant une vue imprenable sur les illuminations. Un train des gourmets est installé sur la place de la Comédie, tandis que la grande roue de la place d'Armes J.F Blondel permet d'admirer la cathédrale Saint-Étienne de plus près. Pour goûter aux spécialités locales, direction les places Saint-Jacques et Saint-Louis.
Créé il y a une dizaine d'années, le Sentier des Lanternes se tient quant à lui au milieu des arbres centenaires du square Boufflers. Imaginez des centaines de lanternes lumineuses figurant des personnages comme le Père Noël et ses rennes, les lutins, des arbres et des fleurs magiques et plein d'autres surprises au milieu desquelles on déambule comme par enchantement...
L'autre grande attraction du marché de Noël de Metz, ce sont les boules en verre soufflées dans le Centre international d'art verrier de Meisenthal dont les Mosellans raffolent. Chaque année, une boule nouvelle est créée par les maîtres souffleurs de verre. Et le marché de Metz est l'un des rares sites où l'on peut acheter ces boules très recherchées par les collectionneurs.
Des balades en bateaux solaires 100 % électriques sont proposées par la Compagnie des bateaux (10 € pour une heure) de Metz et Metz Bateau Solaire (12 € pour une heure).
https://www.metz-bateau-solaire.com
Une belle occasion de (re)découvrir la ville de Metz, trop injustement méconnue.
Prévoyez un séjour de deux jours à Metz avec une balade le long de la Moselle...
Le Centre Pompidou-Metz n'est pas un musée, mais un centre d'Art contemporain ouvert à la création sous toutes ses formes. Il puisera dans les réserves parisiennes de la maison mère (riche de plus de 60 000 oeuvres). Quatre à six expositions organisées par an, des spectacles dans un auditorium, des ateliers pour enfants, une librairie-boutique, un restaurant... L'endroit se veut être un lieu vivant.
Le Centre Pompidou-Metz est le premier établissement du genre à être décentralisé en région. Une gageure pour les Messins pour qui le Centre Pompidou prête sa marque donc, mais aussi son savoir-faire et surtout ses oeuvres. Notamment celles qui sont trop encombrantes pour être accrochées à Paris.
Le bâtiment est une oeuvre d'art à part entière. Dessiné par l'architecte japonais Shigeru Ban avec le concours de Jean de Gastines, sa principale caractéristique est son immense toit-chapeau blanc en fibre de verre et Téflon. L'allure extérieure vaut déjà le détour. En sortant de la gare de Metz (à 1h20 en Tgv de Paris), tournez à droite, empruntez le passage de l'Amphithéâtre, au bout du tunnel vous aurez devant vous le Centre Pompidou-Metz.
Située sur la place d'Armes, la cathédrale Saint-Etienne est surnommée la "Lanterne du Bon Dieu" en raison de son immense verrière.
Près de 50 mètres de hauteur, 6500 mètres carrés de vitraux, la cathédrale de Metz est l'un des plus beaux édifices gothiques de France. Elle est née de la réunion de deux églises, Saint-Etienne et Notre-Dame-la-Ronde. Elle est construite du 13e au 16e siècle,bâtie en pierre jaune de Jaumont. Sa hauteur sous voûte est exceptionnelle, de même que sa luminosité, magnifiée par les vitraux d'illustres maîtres, comme celui de Chagall.
Meisenthal est situé à
https://site-verrier-meisenthal.fr
https://www.metz-bateau-solaire.com
et passez une nuit dans un haut lieu historique de la ville, l'hôtel "La Citadelle", ancien magasin aux vivres de la capitale lorraine, véritable havre de paix...
La Chapelle des Templiers, derrière l'hôtel
Ces idées de visites culturelles et gourmandes à Metz peuvent toutes se faire à pieds depuis la gare.
Sites :
Texte et photos : Claire Vuillemin ©
Ce reportage donne envie d'aller à Metz !
