Week-end automnal en Vallée du Loir

Avant les premiers frimas, on s'offre une balade nature et culture dans une des plus ravissantes régions de France, moins connue que l'autre Vallée, celle de la Loire, à quarante kilomètres à peine.


Reportage : Marianne Lohse

 

 

Le Mans

Rien d'étonnant à ce que la Cité Plantagenêt serve de cadre à des films de cape et d'épée. Entre autres réalisateurs, Jean-Paul Rappeneau y a planté ses caméras place du Cardinal Grente pour « Cyrano de Bergerac» et Philippe de Broca utilisé pour «Le Bossu», la rue de la Reine-Bérengère. Magnifique vieux Mans, parfois si méconnu! Il fut le berceau des Plantagenêt dont la dynastie doit son nom au brin de genêt que Geoffroy le Bel, retour de chasse, portait à son chapeau.

En 1128, Geoffroy, comte d'Anjou et du Maine épouse Mathilde d'Angleterre en la cathédrale Saint Julien. Leur fils, Henri II, règnera sur l'île. Leur petit-fils n'est autre que Richard Cœur de Lion.


©Guy Durand

 

Non, la préfecture de la Sarthe ne se limite pas à ses incontournables 24 heures qui, à chaque édition, accueillent plus de 25.000 passionnés de sports mécaniques. Ni d'ailleurs à ses délectables rillettes. A cinquante minutes à peine de Paris en TGV, la ville mérite qu'on s'y attarde. On se balade le nez en l'air dans ses ruelles pavées où l'Histoire défile.

Au dessus de l'ancien quartier des Tanneries, on admire la muraille construite, au IIIème siècle, sous Dioclétien. Ses onze tours, sa couleur (la pierre de roussard ou grés rouge y alterne avec un calcaire crayeux), ses motifs géométriques, en font l'un des édifices militaires les plus remarquables. Et les mieux conservés.

 

©Guy Durand

 

Il ne faut pas manquer les maisons à pans de bois, les hôtels Renaissance ou XVIIIème siècle qui subsistent intra muros, dans ce cœur historique baptisé, depuis 2003, Cité Plantagenet. En remontant la Grande Rue, on passe devant la maison dite du Pilier Rouge qui semble avoir été celle du bourreau.

 

 

 

©Guy Durand

 

Un peu plus loin, la maison d'Adam et Eve, bâtie pour un médecin astrologue. Sur un bas-relief, au dessus de la porte, une Eve précautionneuse offre une pomme à Adam, au bout d'un bâton. Rue de la Reine-Bérengère, se dresse la maison des Deux Amis. Un médaillon, en façade, montre deux personnages se tenant par la main. Construite en 1425, elle appartint au poète Nicolas Denisot, ami de Ronsard et de Du Bellay. Dans cette même rue, une belle demeure porte le nom de la souveraine. En réalité la veuve de Richard Coeur de Lion n'y a pas vécu. C'est aujourd'hui un musée d'histoire et d'ethnographie.

 On quitte Le Mans après une halte dans la cathédrale Saint-Julien. Avec sa nef romane, son choeur et son transept gothiques, ses merveilleux vitraux (celui de l'Ascension date du XIIème siècle et c'est le plus ancien au monde in situ), la cathédrale reste à redécouvrir.

 

©Guy Durand

 


Cap sur la Vallée du Loir. Au centre d'un triangle Le Mans-Tours-Angers, elle déroule ses paysages bucoliques: haies bocagères, coteaux couverts de forêts et de vignobles. La vallée possède trois AOC: Coteaux du Vendômois, Coteaux du Loir et Jasnières.

 

 

 

Des carrières de tuffeau ont été reconverties en caves, en habitations ou en champignonnières. On renonce vite à compter châteaux et manoirs. Les églises, les chapelles y sont riches en fresques et peintures murales. Et les beaux jardins y abondent. On visite à Saint-Biez-en-Belin, le Petit Bordeaux .La végétation de ce jardin remarquable ouvert au public il y a onze ans, s'est développée sur un terrain vierge, autour d'une petite maison des champs vieille de trois siècles. Elle varie, à l'automne, du doré au violine et au pourpre. Le propriétaire, Michel Berrou, affirme «avoir joué des feuillages au moins autant que des fleurs». Le résultat ? Une atmosphère intimiste, harmonieuse qui doit beaucoup, aussi, à la structure, très pensée, des lieux. 4 200 espèces sur 1,5 ha seulement. De quoi ravir ces temps-ci les amateurs d'euphorbes, d'asters, d'anémones du Japon et de graminées.


Notre prochaine étape: le château du Lude, célèbre pour sa Fête des Jardiniers, ses expositions, son prix littéraire. Rare témoignage de quatre siècles d'architecture, il est habité depuis 260 ans par la même famille. Aux portes de l'Anjou, c'est une demeure imposante mais pleine de vie. La châtelaine, Barbara de Nicolaÿ, y est pour beaucoup. A la Renaissance, le chambellan de Louis XI transforme une forteresse médiévale en une élégante résidence campagnarde. Ses successeurs n'auront de cesse de l'embellir. Des paysagistes réputés ont œuvré ici, d'Edouard André à Augustin d'Ursel.

 

 

Château du Lude ©Guy Durand

 

 

 

 

On flâne avec bonheur sur la grande terrasse qui domine le Loir et les jardins à la française, rythmés par des topiaires. Au delà de la rivière, s'étend un vaste parc agricole. Au XVIIIème siècle, on a crée une seconde terrasse, le jardin de l'Eperon. Il accueille un labyrinthe de buis et une roseraie où les roses de Chine fleurissent dés avril et jusqu'en décembre. L'influence anglaise se fait sentir dans le délicieux petit jardin de vivaces, autour d'un kiosque d'inspiration chinoise, baptisé Jardin de la Source. L'eau jaillit dans une grotte pour réapparaitre dans le Loir. En retournant vers le château, par un chemin bordé de hêtres pourpres, on découvre sur trois niveaux, un potager centenaire: on y cultive toujours fruits et légumes rares.

La promenade se poursuivra à l'intérieur, des cuisines en service depuis le XVème siècle au cabinet de peintures de l'école de Raphaël.

Puis on se laissera guider sur les petites routes jusqu'à la forêt domaniale de Bercé, superbe vestige de l'immense forêt gauloise des Carnutes, morcelée lors de la conquête romaine. Plantés sous Colbert, certains chênes y culminent à 50 mètres de hauteur. La plupart, utilisés en bois de marine, étaient acheminés jusqu'au Loir puis flottés jusqu'aux arsenaux nantais. A parcourir, si vous en avez le temps, en voiture, à pied, à cheval ou à vélo: 5400 hectares s'offrent à vous!

 

 

A l'orée de Bercé, il faut s'arrêter dans le village de Jupilles: la Maison de l'Homme et de la Forêt, Carnuta, un espace interactif, révèle un univers passionnant qui emballe les petits.

 

 

 


Si vous ne devez voir qu'un jardin, voyez celui-ci, à Beaumont-sur-Dême. Le Prieuré de Vauboin, en réalité, ne comprend pas un jardin mais deux jardins conçus par Thierry Juge qui en a fait l'oeuvre d'une vie. Tout commence il ya vingt ans par un coup de foudre pour une maison du XIVème siècle, superbe, verticale, au pied d'un coteau calcaire. L'eau d'une source circule tout autour. Construite par des moines à la fin du Moyen Age puis remaniée, elle a accueilli des écrivains, des philosophes.

 

 

 

Thierry imagine autour du prieuré, un «Hortus Conclusus», un jardin médiéval clos de sublimes murs de rondins de châtaignier et de sarments de vigne. Une symphonie de verts ponctuée de quelques touches de blanc: myosotis, clématites. «Le buis, symbole d'éternité y est omniprésent».A l'est, un verger et un potager «pour les nourritures terrestres». A l'ouest, un cloitre et un labyrinthe «pour la méditation, la spiritualité».Il y a quatre ans, il acquiert le coteau percé d'une grotte auquel s'adosse sa propriété. Sous un couvert de chênes apparait comme par miracle, une cascade de buis.

 

 

 

Depuis, Thierry, équipé d'un harnais, taille en rappel ses arbres de prédilection. Un jardin du haut, flou et fou né de ses doigts de sculpteur : « on y a une vue magique sur le jardin clos, comme si le Paradis était vingt mètres plus bas».

Notre escapade s'achève au Jardin Potager de Bonnétable. Sorti tout droit d'un film de James Ivory, il a été aménagé entre 1880 et 1890, sur 1300m², par Sosthène de la Rochefoucauld, duc de Doudeauville. Une éolienne qui alimentait en eau le château de Bonnétable et ses dépendances, de belles écuries, des serres aujourd'hui classées, une maison bourgeoise, demeure du jardinier en chef jusqu'en 1960 : autant de vestiges de splendeurs à jamais enfuies. Racheté par la commune en 1999, le jardin abandonné va revivre grâce à l'association crée en 2002 par Geneviève Bellanger, adjointe au maire. Pendant plus de dix ans, une vingtaine de volontaires défrichent, restaurent cultivent ce potager pour en faire «un jardin témoin du passé». Une réussite exemplaire. Sosthène qui prétendait vivre en autarcie et dont les domestiques ramenaient chaque fin de semaine à Paris, par le "train des ducs", salades et panais, ne pourrait qu'applaudir.

 

Pratique :

S'informer. www.vallee-du-loir.com


Se loger.

Le Grand Moulin. Cette délicieuse maison d'hôtes fut un moulin à blé, jusqu'en 1972.On aime la terrasse aménagée sur la rivière, les chambres 4 épis au sobre décor résolument contemporain, l'accueil chaleureux de Marie-Danièle Millet-Lecourt qui propose aussi une formule gîte pour 2 à 6 personnes. A partir 90 €. 8 rue de Syke 72340 La Chartre sur le Loir.

Tel: 02 43 44 65 78 www.mdmillet-moulin.fr


Se restaurer.

La Réserve. La nouvelle adresse d'Olivier Boussard, le chef étoilé du Beaulieu. La cuisine exploite, au gré du marché, les meilleurs produits de saison. Décor chic, épuré, pour la grande salle aux recoins intimes. A l'affiche, à l'heure du déjeuner, une courte carte sur ardoise (épatant saumon mariné sur radis blanc).Le banal sous-sol, devenu bar à champagne, est aujourd'hui le rendez- vous favori des beautiful people manceaux.

A partir de 27€. 34 Place de La République, Le Mans. Tel : 02 43 52 82 82

Chez Miton. Au centre du petit bourg de Chahaignes, non loin de la forêt de Bercé, un petit bijou de restaurant apprécié des connaisseurs. Rémi, ancien pilote de rallye-raid à moto et Naoko, qui dit-on n'avait pas sa pareille au volant d'un camion, ont rangé leurs casques et leurs trophées. On savoure une cuisine de terroir accompagnée des meilleurs vins locaux. Ou, quand Naoko laisse parler ses racines asiatiques, des gambas au gingembre suivies d'un tiramisu au thé vert.

Environ 30€.15 Place de l'Eglise, Chahaignes. Tel : 02 43 44 62 62

A Beaumont-sur-Dême, le visiteur peut se restaurer chez "Les mères cocottes" dans le cœur du village. Restaurant répertorié dans le livre "les Toqués de la Sarthe" !
mail: lesmerescocottes@orange.fr
site : www.lesmerescocottes.fr

 

Visiter

Le Petit Bordeaux, à Saint-Biez-en Belin. Tel : 02 43 42 15 30 www.jardindupetitbordeaux.fr.

Château du Lude. Le Lude. Tel : 02 43 94 60 09 www.lelude.com

Jardins du Prieuré de Vauboin, à Beaumont sur Dême. Tel :02 43 79 04 23 www.tourisme-en-sarthe.com

Jardin potager de Bonnétable, à Bonnétable. Tel : 02 43 29 49 66 www.jardinpotager-bonnetable.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Créé le : 25/10/2013 - Mise à jour : 04/12/2014
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