Liège : entre Meuse et coteaux, balade dans la cité wallonne

Ce désir de renouveau, on le perçoit d'emblée en arrivant à bord de Thalys, le bel express rouge, gare des Guillemins. Réalisée par l'Espagnol Santiago Calatrava, la gare TGV épate les plus blasés avec son immense voûte verre-acier.

Les travaux d'envergure se multiplient. Pourtant la métropole wallonne garde une dimension humaine, un charme qui doit beaucoup à ses habitants, chaleureux et épicuriens. ll faut, en prenant son temps, l'explorer entre Meuse et coteaux, à pied ou à vélo sans négliger quelques étapes obligées comme la Place Saint Lambert.

Le Palais des Princes-Evêques place Saint-Lambert

Capitale d'une principauté épiscopale jusqu'à la Révolution, Liège possède bon nombre de collégiales, de demeures patriciennes, de fontaines sculptées, colossales ou discrètes. L'enfilade des deux cours du Palais des Princes-Evêques aujourd'hui occupé par le Palais de Justice et le gouvernement provincial (seule la première cour est ouverte au public) vaut le détour. Tout comme l'Archéoforum, sous la place: on y raconte 9000 ans d'histoire locale. De tous les musées (il y en a une vingtaine), celui de la Vie Wallonne, aménagé non loin de là, dans un couvent des Frères Mineurs, est le plus surprenant. Entre autres trésors pour ethnologue, un superbe tilleul percé de 20 000 clous: la croyance populaire attribuait aux «arbres à clous» un pouvoir guérisseur. Plantez un clou dans le tronc et vous n'aurez plus mal aux dents… La promenade se poursuit Place du Marché, vibrante et gaie.

La plupart des bâtiments qui la bordent datent des XVIIème et XVIIIème siècles. Insolente, frondeuse, Liège (200 000 habitants) a toujours défendu son autonomie. D'où l'attachement des Liégeois à la Fontaine du Perron. Au centre de la place, près de l'Hôtel de Ville, une colonne de pierre, le Perron, surmonte une imposante fontaine. A son sommet, trois Grâces portant une pomme de pin plantée d'une croix. Les actes officiels ont longtemps été «criés» ici et Le Perron est devenu l'emblème des libertés communales.

L'Hôtel de ville, le Perron et la Place du marché

A quelques encablures, place du Commissaire Maigret, assis sur un banc, devant le commissariat où jeune journaliste à « la Gazette de Liège» il venait chercher des infos, un Simenon de bronze n'en finit plus de revisiter sa ville. Avant de partir sur ses traces, dans le quartier d'Outre- Meuse, on ne manquera pas de flâner sur la plus élégante artère du vieux Liège : Hors- Château.

 Statue de Simenon

Hors-Château se trouvait en dehors de la première enceinte fortifiée (Xème siècle), que limitait la Place du Marché. D'où son nom. Elle fut intégrée à la deuxième enceinte, au XIIIème siècle. Patiemment restaurées, ses minuscules et ravissantes impasses semblent comme figées dans le temps. A voir aussi (les plus courageux tenteront l'escalade) : la spectaculaire Montagne de Bueren. Caractéristiques des percées du XIXème siècle, ces escaliers (374 marches) permettaient un accès direct de la Citadelle au centre- ville.

La Montagne de Bueren

En passant le Pont des Arches, on pénètre, entre fleuve et canal de dérivation, dans un tout autre univers. C'est dans ce quartier populaire, patrie de Tchantchès (diminutif de François, en wallon), une figure légendaire du théâtre de marionnettes liégeois, qu'a grandi Georges Simenon.

 Les marionnettes du Musée de Tchantchès

L'écrivain n'a vécu qu'une vingtaine d'années à Liège et il n'y est retourné que de loin en loin. Mais ces deux décennies ont inspiré toute son œuvre. Il faut mettre ses pas dans ceux du «petit Sim», suivre le jeu de piste tracé par l'Office du Tourisme. Venelles tortueuses, maisons modestes ou beaux hôtels noircis par la fumée des houillères, friteries et effluves orientales: ici, le Pékét (genièvre) coule à flot et l'on ne s'ennuie pas. Le plus saissisant ? L'impasse de la Houpe où se tenait «La Caque» : Simenon y refaisait le monde avec des artistes de son âge, à deux pas de l'église Saint Pholien. Un de ses amis, Joseph Kleine, s'y pendit. Un drame qui inspira à l'écrivain «Le pendu de Saint Pholien»…

Impasse de la Vignette, quartier Hors-Château

Retour vers l'hypercentre et le quartier dit «Le Carré» divisé en deux par la rue du Pot d'or, non loin de la Cathédrale.

 La cathédrale Saint-Paul

Résolument chic le jour avec ses boutiques hype comme All Need, rue Saint Aldabert, tout récemment ouverte par la créatrice et DJ Aurore Daerden qui y fait la part belle aux jeunes stylistes liégeois (Céline Pinkers, Lady Violette), le Carré, la nuit sert de décor aux fêtes les plus surchauffées. Bars à bière, troquets d'étudiants, discothèques et clubs privés y abondent. Une kyrielle de DJ y mixent toutes les musiques, du rock au hip- hop.

On ne quittera pas la Wallonie sans une balade bucolique sur les coteaux de la Citadelle. Des escaliers de pierre, des jardins suspendus. Un calme délicieux. Et une vue en cinémascope sur une cité qui ne cesse de se réinventer.

Marianne Lohse

Nouveau

En 2009, Liège s'est enrichie d'un méga-musée : le Grand Curtius. Dans cinq bâtiments classés on peut découvrir plus de 6000 pièces (art religieux, arts décoratifs, armes). Sa collection de verrerie est l'une des plus importantes au monde. Neuf sections thématiques y offrent un panorama complet de l'histoire de la principauté. 136 Féronstrée. www.grandcurtiusliege.be

Sur l'autre rive du fleuve et dans un tout autre style, la Médiacité, complexe commercial et de loisirs a été imaginée par l'architecte israélo-britannique Ron Arad. Sa structure ondoyante, faite de spirales d'acier abrite sur 160.000 m² 124 enseignes et des entreprises spécialisées dans les métiers de l'image. Son succès, spectaculaire, a totalement transformé un quartier en déshérence, le Longdoz.7 bvd Poincaré. www.mediacite.be

A ne pas rater

Blegny-Mine. Un formidable complexe touristique et lieu de mémoire. L' exploitation de la houille n'y a pris fin qu'en 1980. On y découvre un puits intact, le Puits-Marie (1849) qui abrite un vaste musée ainsi qu'une infrastructure datant de l'immédiate après-guerre, dotée des outils les plus modernes, le Puits n° 1.Tout le traitement du charbon, de l'arrivée du minerai à son transport, est expliqué aux visiteurs qui descendent vers les étages – 30 et- 60. Le plus passionnant? Les rencontres avec d'anciens mineurs de fond. 23 rue Lambert Marlet B 4670 Blegny. Tel : +32 4 387 43 33 www.blegnymine.be

Le Terril Bernalmont depuis Belle-vue

Pratique

Y aller. Avec Thalys qui offre 6 liaisons quotidiennes entre Paris-Nord et Liège-Guillemins en 2heures 10. Aller simple Paris-Liège à partir de 29€ en Comfort 2(tarif No-Flex) et à partir de 59€ en Comfort 1( tarif Semi-Flex). Que ce soit en Comfort 1 ou en Comfort 2, les voyageurs optant pour des billets Semi-Flex, bénéficient de l'accès au WiFi gratuit pour tout le voyage. D'autres tarifs avec réduction sont également disponibles: Jeune, Senior, Kid&Co et Kid. Informations et réservations au 3635 (dites«Thalys»), 0,34€ la minute, de 7 heures à 22 heures, en gare ou agences agrées et sur www.thalys.com

S'informer.

Sur www.liege.be/tourisme

Office du Tourisme

Féronstrée 92 4000 Liège,
04 221 92 21

Se loger

Hôtel Crowne Plaza. En mai 2011, après 4 ans de travaux et un investissement de 39 millions d'euros, ce cinq étoiles de 126 chambres a ouvert ses portes. Au pied du Mont Saint Martin et à deux pas de la Place Saint Lambert, il englobe trois bâtiments. Le Sauvenière, une construction récente, s'harmonise à merveille avec les splendeurs historiques de l'hôtel de Sélys Longchamp classé patrimoine exceptionnel de Wallonie qui abrite les suites les plus luxueuses et celles de l'hôtel des comtes de Méan dont la façade date de 1620. On aime les couleurs soft et le confort optimum des chambres, les fresques chinoises XVIIème du restaurant gastronomique, l'incroyable verrière de la salle de bal, le bar «la Cave» logé dans une ancienne salle d'armes. Une adresse qui compte. A partir de 130 €. 9-11 Mt Saint Martin. Tel : +32 4 222 94 94 www.crowneplazaliege.be

Circuler

A bord des bus 1 et 4. Libre parcours d'un jour en vente à la Maison du TEC, Place Saint Lambert. Tel : +32 4 361 94 44 www.infotec.be

A vélo : www/maisondescyclistes.be. Tél: +32 4 222 20 46.

Se restaurer

Café Lequet. Une salle de restaurant au décor 1900 «dans son jus», archibondée,un patron fort en gueule, Guillaume Stockis et les meilleurs boulets de Liège. Les boulets, vous connaissez ? il s'agit de boules de viande de porc et de bœuf mitonnées dans une sauce aigre-douce et servies avec des frites, de la compote de pomme ou de la mayonnaise. Sur les quais, à deux pas du marché de la Batte, ce lieu sans façon est une institution. 15€ environ. 17 Quai sur Meuse. Tél: 04 222 2134.

Labo 4.A première vue, attirer les Liégeois dans un ancien labo de biochimie, avec la bénédiction du doyen de la faculté des Sciences pour les faire dîner semblait risqué. Pari tenu. Le cadre vous replonge dans vos jeunes années avec ses tableaux recouverts de formules, ses bacs et ses paillasses. L'ambiance plus que sympa rend indulgent au contenu de l'assiette qui marie accents méditerranéens et asiatiques. Agréable tajine de bœuf aux abricots et délicieux moelleux au chocolat. Environ 30€. 22 Quai Edouard Van Beneden. Tél : 04 344 24 04

The Kitchen. Dans le show-room d'un cuisiniste très design, un restaurant à l'atmosphère reposante. Le quartier, lui, est en pleine ébullition. C'est l'une des meilleures tables pour déjeuner si l'on apprécie une cuisine italienne à la fois simple et raffinée. Carpaccio de bœuf, tartare de thon rouge, papardelle aux cèpes : tout est délicieux. Environ 20 €. 137 boulevard de La Sauvinière. Tel : 04 250 20 74

The Kitchen

Les spécialités liégeoises sont toujours à déguster en flânant : le café éponyme et la gaufre :