Escapade en Haute-Marne : cinq bonnes raisons de l'aimer

 

1-Le Grand Jardin, à Joinville

C'est, en France, le troisième jardin historique de style Renaissance, après Villandry et Chamerolles. Du château sur la colline (« le château d'en haut») édifié par Claude de Lorraine, premier duc de Guise, il ne reste que des ruines noyées dans la végétation.

 

 

Le petit château d'agrément ou «château d'en bas» dédié à la duchesse Antoinette a connu des fortunes diverses. Réhabilité par le Conseil Général, il abrite aujourd'hui un centre culturel. Il faut, bien sûr, flâner du «carré bouquetier» au «carré des simples», découvrir labyrinthe et verger. Le parc romantique qui jouxte cet espace Renaissance accueille tout au long de l'été des spectacles vivants. Coup de cœur des amateurs de jardins : la collection de buis taillés sur laquelle veille jalousement Hubert Ruzenat, grand spécialiste de l'art topiaire.

 

 

Château du Grand Jardin 52300 Joinville. Tel: 03 25 94 17 54

www.haute-marne.fr/legrandjardin

 

2- Le Château de Cirey- sur- Blaise

 

La visite de ce château -Voltaire y vécut quinze ans, de 1734 à 1749- mérite vraiment le détour. Surtout si l'on a la chance d'être reçu par l'actuelle châtelaine, Alice de Salignac. Quand Voltaire arrive à Cirey à l'invitation de sa maitresse, la marquise Emilie du Châtelet, il pense y périr d'ennui. Il ne cessera d'en faire l'éloge. C'est un écrivain menacé par la police de Louis XV (ses «Lettres Philosophiques» ont fortement déplu) qui trouve refuge dans ce domaine, propriété du marquis du Chatelet, homme de guerre et mari peu encombrant. Esprit surdoué, Emilie, instruite par son père, se passionne pour les sciences. Elle qu'on dit laide collectionne les aventures amoureuses: elle mourra d'ailleurs en couches, à quarante quatre ans, veillée par Voltaire et son dernier amant, le chevalier de Saint Lambert, peu après avoir achevé la traduction du latin au français et le commentaire des «Principia» d'Isaac Newton.

 

 

 

On vient de loin pour admirer la chambre jaune et bleu de la marquise, son cabinet scientifique et l'exquis petit théâtre sous les combles («le grenier de Voltaire») aux décors d'origine où invités et domestiques jouaient la comédie.

 Château de Cirey- sur- Blaise
33 rue Emilie du Châtelet 52110 Cirey-sur- Blaise Tel : 03 25 55 43 04 www.visitvoltaire.com

 

3- Colombey- Les-Deux-Eglises

Chaque année, plus de quarante mille personnes visitent La Boisserie. On marche avec bonheur dans le parc où le Général s'est si souvent promené accompagné de son basset, Rase-Mottes. On découvre le salon, la salle à manger, la bibliothèque et le bureau de l'homme du 18 juin. Un cordon interdit l'accès de l'escalier qui mène aux chambres : la famille y réside parfois. Difficile de n'être pas touché par cette austère simplicité. Les De Gaulle choisissent de s'installer à La Boisserie, une gentilhommière de douze pièces (une tour viendra plus tard s'y ajouter, côté Est), pour son isolement, les forêts qui l'environnent. Un lieu idéal, pensent-ils, pour leur petite fille Anne qui est trisomique. Ils l'achètent en viager et y vivent dés 1934. En août 1940, De Gaulle est condamné à mort par Vichy. Ses biens sont confisqués. La propriété, mise en vente, ne trouve pas acquéreur. Occupée, pillée, incendiée pendant la guerre, elle renait en mai 1946. Le Général y écrira ses textes les plus célèbres dont les fameux «Mémoires». Une rupture d'anévrisme l'emporte dans sa bibliothèque, le 9 novembre 1970.

 

 

Photo : Claire Vuillemin ©

 

On ne manquera pas de voir aussi, au pied de la Croix de Lorraine, le Mémorial (1800 m² d'exposition). Le bâtiment a été conçu par les architectes du Mémorial de Caen. Une belle rencontre avec l'histoire du XXème siècle.

 

Photo : Claire Vuillemin ©

 

www.charles-de-gaulle.org   et www.memorail-charlesdegaulle.fr

 

4- Châteauvillain

Il faut se laisser guider dans les venelles, le long des remparts, découvrir les quelques tours qui subsistent, (il y en eut jusqu'à soixante), les mâchicoulis, les colombiers, les jardins étroits, le lavoir au plancher flottant, le Pont des Malades que les lépreux ne devaient pas franchir.

 

 

Située entre Champagne et Bourgogne, cette charmante cité (1600 habitants) construite dans une courbe de la rivière Aujon, nourrit deux grands projets : sa forêt domaniale de 10.000 ha sera bientôt, avec celle de la Côte d'Or, Parc Naturel National. Quant à son Parc aux Daims (272 ha), il devrait accueillir en 2013 la station forestière touristique Animal' Explora. En 1655, François-Marie, fils du duc de Vitry avait fait élever un mur de pierres de 6km de long, pour créer une réserve de chasse, non loin de l'entrée Est de Châteauvillain. Faune en liberté et végétation luxuriante: le lieu est d'une rare beauté.

www.chateauvillain.com

 

5. Langres

 

Campée sur son éperon, Langres qui possède la plus complète et la plus grande enceinte fortifiée d'Europe (3km 500 de remparts) vise l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco. En attendant, on y prépare fiévreusement le tricentenaire de la naissance de Diderot. Ce sera pour 2013. Echafaudages, rues en chantier: la ville se refait une beauté.

 

 

La statue par Bartholdi du philosophe des Lumières domine la place qui porte son nom. Il est né le 5 octobre 1713 au n° 9 et a vécu avec sa famille au n° 6. Un parcours permet de suivre ses traces, de la maison natale à la Fontaine de La Grenouille où il aimait méditer, en passant par la cathédrale Saint Mammès dont il faillit être le chanoine.

 

 

Peu intéressé par la prêtrise à laquelle son père, un coutelier aisé, le destine, Denis Diderot achève à Paris des études de philosophie, de théologie et de droit, vivote en faisant des traductions (il est anglophone) et se consacre à l'écriture. Essayiste, critique, romancier, auteur de théâtre, il est surtout célèbre pour l'Encyclopédie, tâche énorme à laquelle il s'attellera pendant vingt ans. Le décès de son père avec lequel il ne s'entend pas mais qu'il admire pour sa probité, lui inspirera «Voyage à Langres» (1770) : il y décrit une cité pleine de ressources et de charmes. Hôtels et jardins Renaissance, important patrimoine sacré (toutes les portes de la ville et bien des façades sont ornées d'une statue de la Vierge), tours d'artillerie, chemin de ronde avec vue en cinémascope sur le lac de La Liez (le pays de Langres compte quatre lacs, réservoirs d'alimentation de la Marne à la Saône): voilà un périple à ne pas rater.

 

www.tourisme-langres.com

 

Pratique

Se loger.

La Grange du Relais, à Colombey-Les-Deux Eglises. Cet hôtel deux étoiles installé dans un ancien relais de poste ne manque pas d'allure avec ses murs en pierre de pays et ses poutres de chêne. Les chambres, spacieuses, toutes de plein- pied, donnent sur un verger. Martine Dambrine qui possède dans le village une jolie boutique de déco y mélange joyeusement boutis et objets champêtres.

 

RN 19 52330 Colombey-les-deux-Eglises. Tel : 03 26 02 03 89 www.lagrangedurelais.fr

 

Se restaurer

En Haute-Marne, les produits du terroir ne manquent pas: fromages (le Langres, fromage de vache dont la fabrication remonte au XVIIIème siècle est le plus connu), truffe, souvent appelée « princesse du Barrois», gibier, vins de pays et champagne (le vignoble haut-marnais s'étend sur près de 80 ha, avec surtout une production de pinot noir). A découvrir, à quelques kilomètres à peine de Colombey-Les-Deux-Eglises, à Argentolles, au caveau de Janine Hudelet.

 

Voici nos restaurants préférés :

Le Soleil d'Or, 9 rue des Capucins, 52300 Joinville. Tel : 03 25 94 17 54. Epatants risotto d'asperges et coquilles Saint- Jacques aux graines de pavot.

La Grange du Relais, RN 52330 Colombey-Les-Deux-Eglises. Tel : 03 25 03 03 89 : pour ses délicieuses tartes maison.

Chez Françoise, 6 route de Langres 52200 Bannes. Tel : 03 25 84 31 20. Pour sa terrine lingonne et son pavé de sandre sauce Nantua.

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 Marianne Lohse