Adossée aux monts du Jura, à un vol d'oiseau de la frontière française et à 70 km de Berne, la Chaux-de-Fonds illustre ce que l'on appelle l'urbanisme horloger. Une sorte de ville nouvelle du 19 siècle conçue pour et par une industrie qui garde une créativité toujours en éveil. L'exposition « Chronoscopes et renouveau » en témoigne. A voir jusqu'au 13 novembre à la Watch Gallery.
Avec les banques et le chocolat, l'horlogerie fait partie de l'imagerie traditionnelle de la Suisse. On peut le vérifier partout dans les grandes villes. Mais à La Chaux de Fonds ? Cette ville étrange du canton de Neufchâtel, située à 1 000 mètres d'altitude n'a, a priori, rien pour séduire : des bâtiments sobres à l'uniformité plutôt austère, de larges rues à angle droit et de vastes trottoirs. Et pourtant, comme dans l'horlogerie, tout est question de détail et c'est avec minutie qu'il faut découvrir les curiosités de La Chaux-de-fonds.
Texte et photos Evelyne Simonnet ©
Sur les ruines d'un village détruit par un incendie, la ville s'édifie du début du XIXe siècle jusqu'à la moitié du XXè selon des principes alors avant-gardistes : les bâtiments doivent être fonctionnels et agréables pour les habitants pour qui l'horlogerie était une activité qui meublait les longs mois d'hiver.
Ainsi, la largeur des rues, l'orientation des immeubles par rapport au soleil, la conception des ateliers aux 1er étage lumineux, avec les habitations au-dessus et les jardins à l'arrière répondent à ces impératifs de bien-être et d'efficacité. Ateliers, fabriques, puis usines créées au fil du temps pour les besoins de la production horlogère ont tous un point commun : la lumière. D'artisans, les Chaux-de-Fonniers deviennent des ouvriers hautement qualifiés, et la ville une métropole horlogère qui exporte dans le monde entier, jusque dans les années 1970.
"Si la rationalité est de rigueur à La Chaux-de-Fonds, la présence de nombreuses fontaines et de détails architecturaux en rompent la monotonie, mais avec une dimension humaine", explique Claudine Buehler, infatigable guide de la ville, parce que « tout ce qui est fait à La Chaux-de-Fonds, c'est pour les gens ». Même la plus spectaculaire des fontaines créée en 1888 pour célébrer l'arrivée de l'eau potable, n'a pas de nom, on l'appelle seulement la « grande fontaine, parce qu'ici, les gens sont simples ». Faut-il mettre aussi sur le compte de la simplicité (ou de sa cousine, la pudeur) le fait que les naïades quelque peu dévêtues prévues à l'origine aient été remplacées par de placides tortues ?
Du côté des détails, il faut pousser la porte des immeubles (ici pas de digicode, on peut entrer librement) pour découvrir de somptueuses cages d'escaliers décorées de peintures réalistes à l'italienne (200 sont répertoriées). Et puis, les œils-de-bœuf, la ferronnerie des balcons, les vitraux art nouveau sont autant de détails qui apportent une discrète touche de fantaisie.
A
découvrir aussi : les premières villas imaginées par Le Corbusier, né à La Chaux-de-Fonds. Un parcours de découverte de ses constructions lui est spécialement dédié.
L'urbanisation de la Chaux-de-Fonds et de la ville voisine de 10 km, Le Locle, directement issue du développement industriel de l'horlogerie, vaut à ces deux villes d'être classée (en juin 2009) au patrimoine mondial de l'Unesco.
L'horlogerie aujourd'hui : un métier d'art bien vivant
Dans le cadre des Journées du patrimoine horloger (19 octobre-13 novembre), la ville continue d'explorer la créativité des horlogers d'aujourd'hui. D'une part, un concours international de chronométrie a lieu chaque année. La Watch Gallery (rue Neuve) expose les modèles primés selon des critères de résistance aux chocs et de précision de réglage :
D'autre part, cette même galerie présente des montres extraordinaires conçues par des artistes-ingénieurs du monde entier qui démont
rent que l'horlogerie est bien un métier d'art qui allie poésie et haute technologie. En attestent, la montre aux diamants mobiles qui glissent au rythme du poignet, celle qui comporte un mini bandit manchot, celle qui peut arrêter le temps ou encore celle qui sur les 12 chiffres du cadran, n'affiche à l'endroit que l'heure présente…
Cette année, des ateliers d'initiation à l'horlogerie sont proposés à tous les visiteurs de la galerie pendant la durée de l'exposition. Un professeur et ses étudiants vous apprennent à démonter et remonter, à l'aide de « bruxelles » (pinces), les pièces ciselées et délicates qui portent des noms imagés comme le coq, le rocher, l'ancre…
Vous avez jusqu'au 13 novembre pour tester votre patience et votre minutie, qualités indispensables, en plus de la motivation, pour vous lancer dans l'horlogerie.
Un restaurant à la Chaux-de-Fonds
La Brasserie « L'heure bleue », qui jouxte un théâtre à l'italienne de 1865 (construit 15 ans avant l'hôpital…) et dont le décor est dans le même esprit. On y sert sans chichi des mets simplement classiques, mais aussi du vrai boudin antillais et un « Neuchâtel », vin blanc légèrement « frizante » comme en Italie.
27-29 avenue Léopold Robert
Tourisme neuchâtelois
Espacité 1, 2302 La Chaux-de-Fonds
www.neuchateltourisme.ch
A suivre...
La ligne de partage des eaux en Ardèche et ses oeuvres d'art Vins de Montlouis / L'Eco-Musée d'Alsace à Ungersheim (Haut-Rhin) : traditions architecturales et fêtes en tous genres / Vibrante Bilbao / Le temps d'un week-end ou d'un court séjour, Tours mérite bien une escapade / Séjour week-end à Honfleur / Truffe au vent en Pays Cathare / Visite d'un sous-marin nucléaire : Le Redoutable, c'est à Cherbourg, CITE DE LA MER / La Cité de la Mer à Cherbourg : pour apprendre et se divertir / Savoir-faire et faire-savoir
Claire en France aime bien recevoir vos avis et suggestions. N' hésitez pas ! Le formulaire de contact et les espaces commentaires sont là pour cela