A la découverte de La Haye, belle et singulière

Dans «Netherland», le roman au formidable succès de Joseph O' Neill (Editions de l'Olivier) le héros, Hans van den Brock, se souvient avec tendresse de son enfance à La Haye, une ville à l'atmosphère paisible, bourgeoise et dit-il, un peu snob. La Haye (500.000 habitants) renvoie au visiteur qui la découvre l'image d'une cité agréable, aux belles façades austères, aux pavés bruns en chevron, aux pelouses merveilleusement entretenues. Elle abrite la résidence royale, le Parlement, le siège du gouvernement et près de soixante dix institutions dont la Cour Internationale de Justice. On y prône tolérance et civilité. C'est aussi une ville où l'on respire avec ses espaces verts, ses plages toutes proches de Scheveningen, sur la mer du Nord, ses kilomètres de pistes cyclables.

Découverte avec Marianne Lohse

 

Vue aérienne

© Den Haag Marketing/Arjan de Jager


 Ici, tout le monde circule à vélo et par tous les temps. Bien moins connue des touristes français que sa voisine, Amsterdam, La Haye mérite amplement qu'on s'y attarde ne serait- ce que pour sa trentaine de musées dont le sublime Mauritshuis : on y court pour ses chefs d'oeuvre du Siècle d'or : bien sûr « La vue de Delft» et «La jeune fille à la perle» de Vermeer, «La leçon d'anatomie du professeur Tulp» et le dernier autoportrait de Rembrandt. Ou «La mangeuse d'huîtres» de Jan Steen.

 

Le Mauritshuis vu de l'étang Hofvijver

© Den Haag Marketing/Theo Bos 

 

Entrée du Mauritshuis

© Gemeente Den Haag/Piet Gispen

 

Un peu excentré, le Gemeentemuseum, un bâtiment art déco signé Hendrick Petrus Berlage, possède la plus grande collection Piet Mondrian au monde, du réalisme à l'abstrait dont le fameux (et inachevé) »Victory Boogie-Woogie». 

 

 

 

Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938) : les danseuses de Czardas 1907-1920

© Gemeentemuseum The Hague

 

Sur une large avenue bordée de tilleuls, l'ancien Palais Lange Voorhout où résidèrent Napoléon puis la reine mère Emma, est aujourd'hui un musée dédié au plus délirant des dessinateurs, disparu en 1972: Maurits Cornelis Escher. Pour ceux qui ne se lassent pas de voir l'eau couler vers le haut et des oiseaux se transformer en poissons…

 

Palais Lange Voorhout

© The M.C. Escher Company BV, Baarn

Escher

© The M.C. Escher Company BV, Baarn

 

On ne manquera pas de visiter l'incontournable Binnenhof (Cour intérieure) que jouxte l'étang d'Hofvijver. Il faut pour cela, franchir la Porte des Grenadiers, depuis Le Plein, un ancien potager devenu une place très animée.

 

 Sur le Plein, statue de Guillaume d'Orange

© Den Haag Marketing/Arjan de Jager

 

En son centre, la statue de Guillaume le Taciturne, fondateur de la maison Orange-Nassau se dresse vers un horizon peuplé de grues: les plus grands architectes, de Richard Meier à Rem Koolhaas ont imprimé leur marque sur la ville et ce n'est pas fini!

 

Une architecture audacieuse

© Gemeente Den Haag/Piet Gispen

 

 

L'hôtel de ville

© Den Haag Marketing

 

 

 

L'étang Hofvijver et le Parlement

© Den Haag Marketing/Theo Bos

 

A l'origine, rendez- vous de chasse, le Binnenhof est le lieu où l'on débat des affaires du pays depuis quatre siècles. On y trouve les deux Chambres, le bureau du premier ministre et une étrange chapelle à deux tours qu'on croirait remaniée par Viollet- Leduc : le Ridderzaal ou Salle des Chevaliers. Chaque année, le troisième samedi de septembre dit «Jour du prince», le Ridderzaal s'anime d'une procession haute en couleurs. Dans son carrosse d'or, la reine Beatrix vient, pour l'ouverture de la session parlementaire, y prononcer le discours du Trône.

 

© Gemeente Den Haag/Piet Gispen

 

En quittant la Cour Intérieure par un porche diamétralement opposé à la Porte des Grenadiers, on peut rejoindre l'aristocratique Lange Voorhout. Surprise : des Haguenoises très BCBG s'y régalent, à une baraque ambulante, de harengs crus et d'oignons. Sur l'avenue bordée de riches demeures XVIIIème siècle, on s'attarde devant un bijou Renaissance aux volets rouges : la Maison des Pages (Pagehuis).

 

 

Pagehuis

© Den Haag Marketing/Arjan de Jager

 

En empruntant Heulstraat, on débouche sur l'élégante Noordeinde. La souveraine y a son «palais de travail», une construction plutôt sobre qui incarne bien le style de la famille royale néerlandaise: chic, certes mais discret. Boutiques de mode, galeries et antiquaires y abondent. Les autres rues aimées des accros du shopping se nomment Prinsestraat, Denneweg, Frederikstraat.

 

Noordeinde : le Palais de travail de la Reine

© Den Haag Marketing/Theo Bos

Bureau de liaison de la Reine

 © Den Haag Marketing

 

 

 

De Passage

© Gemeente Den Haag/Piet Gispen

 

Ne pas rater De Passage, une galerie au magnifique dôme vitré, construite entre 1882 et 1885 dans l'esprit de la galerie milanaise Victor-Emmanuel II. Ni La Maison de Bonneterie, sur le Buitenhof, un luxueux grand magasin conçu en 1913 par l'architecte Alphonsus Jacot. Le «Niewe Kunst», déclinaison typiquement hollandaise de l'Art Nouveau fleurit à La Haye, avec de remarquables bâtiments imaginés notamment par Henry Van Velde ou W. Bosboom.

Délicieusement nostalgique, le Panorama Mesdag, ramène le visiteur en 1881. Réalisé par le peintre de marine et collectionneur Hendrik Willem Mesdag, aidé de sa femme, Sientje et récemment restauré, il ne mesure pas moins de 120 mètres de circonférence sur 14 mètres de hauteur. Sous la lumière changeante, la mer, les dunes, l'ancien village de pêcheurs, la station balnéaire naissante de Scheveningen évoquent une réelle douceur de vivre.

 

 Scheveningen

© Den Haag Marketing/Arjan de Jager

 

Marianne Lohse

 

Pratique


Liens utiles : www.holland.com/fr et www.denhaag.com


Y aller.

En train, avec Thalys qui permet de rallier Rotterdam en 2 heures 36 au départ de Paris-Nord. A Rotterdam, une correspondance est assurée par un train hollandais. Un aller simple à partir de 35 € en Comfort 2 et 79 € en Comfort 1. Réservations et informations par téléphone au 3635 et par internet sur www.thalys.com


Se loger.


Mercure Hotel. On aime la déco, sobre et trendy de cet hôtel récemment rénové. Dans les chambres, moquettes pied de poule blanc et noir, meubles de bois clair, fauteuils de cuir rouge. Outre l'habituel confort que propose la chaîne, sa situation, en plein cœur de la ville, le rend particulièrement agréable. Spui 180 2511 BW La Haye. Tel : + 31 (0) 70- 363 67 00   www.mercure.com/DenHaag


Parkhotel. Proche du Palais Noordeinde, ce quatre étoiles début de siècle au monumental escalier Art Déco est une oasis de calme. 120 chambres résolument contemporaines dont une suite royale. On flâne volontiers dans son charmant jardin. Molenstraat 53 La Haye. Tel:+31 (0)70 362 43 71 www.parkhoteldenhaag.nl

Hôtel des Indes, sur Lange Voorhout, un cinq étoiles au style rétro

© Den Haag Marketing/Pierre Crom

 

Steigenberger Kurhaus Hotel, Scheveningen, une incroyable bâtisse sur la plage...

 © Den Haag Marketing

 

Se restaurer


Millers. Pour les citadins branchés, c'est «the place to be»! Sur le Plein, face au Parlement. On peut y savourer un verre, un déjeuner ou un dîner (épatants «kroketten»), y danser aussi, dans une atmosphère élégante et décontractée. Les meilleurs DJ y électrisent la nuit. Plein 10a. Tel (0)70 362 9 0 43. www.millersdenhaag.nl


Garoeda. Pas de séjour aux Pays Bas sans goûter à la délicieuse cuisine indonésienne. Dans cet établissement, une institution - le garoeda est un oiseau mythique- on dîne entouré de meubles coloniaux. Le Rijsttafel ou «Table de riz» y a des saveurs subtiles, parfois déconcertantes. Kneuterdijk 18 a. tel : (0) 70 346 53 19. www.garoeda.nl


A lire


Amsterdam, Pays Bas (Petit Futé) : complet, pratique, intelligent. Tout ce qu'il faut savoir pour de vrais city breaks.


Des lieux incontournables


Mauritshuis, Korte Vijverberg 8. Tel: (0) 70 302 34 16 www.mauritshuis.nl


Gemeentemuseum, Stadhousterslaan 41. Tel: (0) 70 338 11 11 www.gemeentemuseum.com


Musée Escher, Lange Voorhout 74.Tel: (0) 70 427 77 30 www.escherinhetpaleis.nl
 

Panorama Mesdag, Zeestraat 65. Tel: (0) 70 310 66 65 www.panorama-mesdag.com

 


Deux expositions à ne pas manquer


Dali rencontre Vermeer (au Mauritshuis, jusqu'au 11 décembre 2011)
Entre début avril 2012 et juin 2014, le Mauritshuis va s'agrandir : un foyer souterrain reliera le palais à une nouvelle aile, doublant ainsi sa surface, sans altérer son caractère intimiste. Ces travaux ont été confiés à l'architecte Hans van Heeswyk. Magnifique bâtiment classique achevé en 1644 pour le compte de Johan-Maurits de Nassau Siegen, le Maurtishuis mérite à lui seul le voyage. Pour son architecture. Et son exceptionnelle collection de chefs d'œuvre du XVIIème siècle : Vermeer, Rembrandt, Jan Steen, mais aussi Rubens, Holbein, Brueghel le Vieux ou Van Dyck. Pendant les travaux, le musée demeurera ouvert.

A partir du 24 avril 2012, 70 pièces maîtresses gagneront le Gemeentemuseum, pour une période de deux ans. Dés le 28 mai 2012, la célèbrissime «Jeune fille à la perle» de Vermeer, elle, voyagera au Japon et aux Etats Unis. On peut actuellement la voir, belle et mystérieuse, aux cimaises de « Dali rencontre Vermeer».

Une exposition en vingt deux œuvres peintes entre 1860 et 1960 venues de musées néerlandais et réunies par l'historien d'art Carel Blotkamp. Le «Couple aux têtes pleines de nuages» réalisé par le surréaliste espagnol, en 1936, voisine avec la "Jeune fille" ( 1665) donnant son titre à l'exposition. La correspondance apparait dans le port de tête, les couleurs surtout: brun, jaune, bleu.

Ce type de confrontation, très en vogue, on serait tenté de dire un peu trop, entre artistes modernes et vieux maîtres (ici, Bacon et van der Weyden, Beckmann et Rubens etc…), prend une résonnance particulière lorsqu'il s'agit de mettre en balance le dernier autoportrait de Rembrandt - il mourra peu après, à 63 ans- et celui, plein de force, de Charley Toorop (le Musée d'Art moderne de Paris a, en 2010, consacré une rétrospective à cette artiste néerlandaise, fille du grand peintre symboliste Jan Toorop et proche amie de Mondrian). Elle s'est représentée sans concession aucune. Etrangement, elle a 64 ans quand elle disparait en 1955, à peu près à l'âge de Rembrandt.

 

Autre exposition à voir :
A l'Hermitage d'Amsterdam: Rubens, Van Dyck et Jordaens (jusqu'au 16 mars 2012)

Amsterdam est situé à 54 km à peine de La Haye. On y va sans hésiter pour découvrir, à l'Hermitage, la plus somptueuse, la plus foisonnante des expositions. Inauguré en grande pompe en juin 2009, l'Hermitage est un satellite de l'institution de Saint- Pétersbourg. Le choix d'Amsterdam, déjà riche en musées remarquables, peut surprendre.

Les grands établissements comme le Louvre optent plutôt, pour leurs antennes à l'étranger, pour des villes au riche potentiel mais peu dotées encore sur le plan artistique. Il semble qu'entre la Russie et les Pays-Bas existent des liens sentimentaux. «Saint- Pétersbourg a été fondé en 1703 par Pierre Le Grand, sur le modèle d'Amsterdam où il avait séjourné en 1696» souligne le directeur Ernst Veen. « Et les familles Romanov et Orange-Nassau étaient alliées par le mariage de la fille du tsar Paul 1er avec Guillaume II »…

Le lieu? Un hospice du XVIIème siècle remarquablement aménagé sur 10.000 m² et géré sous forme de fondation. Les deux accrochages annuels sont basés sur les fonds d'art russes. Comme l'exposition actuelle : 75 tableaux et 40 dessins provenant des collections de Pierre Crozat et Heinrich von Brühl achetées, en bloc, par l'impératrice Catherine. Les trois grands de la peinture flamande du siècle d'or, Rubens, Van Dyck et Jordaens sont largement représentés.

 

Exposition de l'Hermitage d'Amsterdam

© State Hermitage Museum, St Petersburg

 

Le plus influent et sans doute le plus talentueux, Peter Paul Rubens (1577- 1640), en son temps une véritable légende, domine l'exposition avec des œuvres maîtresses comme « L'Union de la terre et de l'eau», la «Descente de croix», «Vénus et Adonis» ou « Agar quittant la maison d'Abraham».

 

Rubens : La descente de croix

© State Hermitage Museum, St Petersburg

 

Rubens : Vénus et Adonis

© State Hermitage Museum, St Petersburg

 

 

A partir de 1615, Rubens ne peut plus faire face aux commandes qui affluent de toutes parts sans l'aide d'autres artistes. Son atelier devient très rapidement une sorte d'académie où note un contemporain, on peut atteindre le plus haut degré de perfection dans l'art. Le maître d'Anvers, comme bien des peintres de la Renaissance, imagine sous forme de croquis la future toile, parachève ou retouche au pinceau le travail de ses élèves, exécutant lui-même les éléments les plus importants.

L'atelier excelle dans tous les genres : scènes bibliques, historiques, portraits, paysages, natures mortes, scènes animalières. L'un des élèves les plus doués et les plus précoces se nomme Anthonie van Dyck (1599- 1641). Il travaille auprès de Rubens avant de s'émanciper et après une période italienne, de devenir à Londres, le portraitiste préféré de Charles Ier et de l'aristocratie anglaise. En sept œuvres dont: « Portrait de famille », « Portrait de Nicolaas Rockox », « Portrait de Sir Thomas Wharton», l'Hermitage montre l'évolution d'un style raffiné qui inspira Reynolds et Gainsborough.

 

 

 Van Dyck : Portrait de Sir Thomas Wharton, 1639

© State Hermitage Museum, St Petersburg

 

 

Le troisième grand maître flamand du XVIIème siècle, Jacob Jordaens, contrairement à Van Dyck, n'a jamais été un élève de Rubens mais son œuvre porte son empreinte. « Ses peintures se caractérisent par leur atmosphère poétique, leur ambiance de bonheur familial, de chaleur et de sincérité» souligne le conservateur Natalia Gritsai. Comme dans « la Vierge à l'enfant dans une couronne de fleurs». Ou l'esquisse «Allégorie de la succession des générations».


Amstel 51 Amsterdam. Tel: +31(20)530 87 55 www.hermitage.nl
 

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