Escapades à Antibes-Juan-les Pins : soleil, pinède mythique et plages de sable fin

 

 

Depuis 1960, date de sa création, le plus ancien des festivals de jazz en Europe n'a jamais déçu vous diront ses quelques 30 000 fidèles.  Cet été, on s'amuse  à découvrir (petit clin d'œil au Walk of Fame d'Hollywood Boulevard) les empreintes de mains de la nouvelle Allée des Pinèdes: toutes les légendes du jazz, de Sidney Bechet à Michel Legrand en passant par Miles Davis ou Stan Getz ont joué ici et le festival se flatte d'accueillir les légendes de demain.

 

14 juillet 2019

 

En 1882, entre forêt et plages de sable fin, un nouveau quartier d'Antibes voit le jour : Juan-les-Pins. .  Avec les Années folles, Juan, première station estivale, devient furieusement à la mode. Fuyant les brumes du Nord, les hivernants avaient lancé la French Riviera. Désormais, on y séjourne l'été.

Excédés par le puritanisme et la prohibition qui sévissent dans leur pays, les Américains affluent. Des intellectuels, de riches mondains pour la plupart. " A nous, Américains, la température semblait parfaite, les bains de mer délicieux et Antibes le petit port provincial vierge dont nous avions rêvé" s'exclame John Dos Passos . Des couples comme Gerald et Sara Murphy, Frank-Jay et Florence Gould vont révéler ce petit coin de paradis. Murphy se passionne plus pour le jazz et la peinture que pour la chaîne de magasins de luxe familiale.

 

 

En 1923, il s'installe au Cap d‘Antibes avec femme et enfants. Sa discothèque de blues, de ragtimes, de negro spirituals qu'il fait écouter à Cocteau est prodigieuse. Il  construit une villa d'une modernité époustouflante baptisée America. Quant à son yacht, une goélette de 30 mètres, il porte le nom de "Weather Bird", d'après "Weather Bird  Rag" enregistré par Louis Amstrong et Earl Hines. Le disque a été scellé dans la quille...

 

 

Scott et Zelda Fitzgerald, eux, logent Villa Saint-Louis (aujourd'hui Hôtel Belles Rives). On l'a beaucoup dit: les Murphy ont très probablement inspiré l'écrivain pour ses romans "Tendre est la nuit " et "Les Enfants du Jazz".Autre milliardaire flamboyant, Frank-Jay Gould,  fils du roi des chemins de fer. Sa villa, "La Vigie" (Cocteau et Chaplin figurent parmi les familiers) n'a rien à envier à celle de Murphy. Gould  s'est rapproché du casinotier Edouard Baudoin. Embelli, le Casino de Juan a rouvert en 1924 pour la saison estivale, du jamais vu. Le richissime homme d'affaires décide d'investir dans l'immobilier. Son morceau de bravoure, ce sera l'hôtel Le Provençal dont il confie les plans à Roger Seassal. Ce trésor Art Déco attire tous les beautiful people de l'époque.

Autres temps, autres modes de vie. Ruineux (et en ruines), Le Provençal a du fermer ses portes en 1976. Son destin a connu des fortunes diverses. Acquis par l'investisseur britannique John Caudwell, il devrait être transformé en résidence de très grand luxe. On a consolidé sa coquille vide, en s'efforçant de respecter l'architecture de Séassal. Fin des travaux prévue: 2023.

D'autres cinq étoiles mythiques, l'Hôtel du Cap Eden Roc, le Juana, le Belles Rives, Cap d'Antibes Beach Hotel, l'Impérial Garoupe n'ont jamais cessé en revanche de recevoir une clientèle huppée. Envolées, certes, les Années Folles. Mais Antibes-Juan-les-Pins si diverse et vibrante fait toujours rêver.

 

 

Marianne Lohse

 

www.antibesjuanlespins.com

 

A faire, à voir à ne pas rater

- Le port Vauban et ses méga- yachts extravagants. Comme " Eclipse",  propriété de Roman Abranovitch.
- La promenade Amiral de Grasse. Elle longe la mer sur les remparts de la ville fortifiée par Vauban. Le peintre Nicolas de Staël y vécut, Maison Ardouin.-

- Le Château Grimaldi devenu Musée Picasso pour les peintures joyeuses et les merveilleuses  céramiques du maître.

- Les ruelles tortueuses et fleuries de la commune libre du Safranier.

- Le Sentier piétonnier Tirepoil, à la découverte de la lavande de mer et du sterne pierregarin.

- Au Cap d'Antibes, la petite chapelle de La Garoupe récemment rénovée pour ses étonnants ex-votos.

- A Juan-les-Pins, le parc Exflora et ses centaines d'espèces végétales.

- Le piano- bar-de l'Hôtel Belles Rives, ex villa Saint Louis où vécurent les Fitzgerald. Boma Estène la transforme en hôtel, le premier établissement " pieds dans l'eau ". Aujourd'hui, Marianne Estène-Chauvin, sa descendante, entretient brillamment la légende.

- Un cocktail fruité  dans l'ambiance exotique du Pam Pam, bvd du président Wilson. Edith Piaf et Ella Fitsgerald étaient des habituées.