Deuxième escapade franco-belge : sur les bords de "La Lys au pays des merveilles"

La rivière prend sa source à l'ouest de Béthune, à Lisbourg. Puis elle serpente  vers le nord est de l'Artois avant d'arroser Armentières et de continuer dans cette direction où elle va servir de frontière entre la France et la Belgique sur quelque 27 km. A ce stade, domestiquée, elle est devenue navigable et pointant un peu plus vers le nord-est, elle arrose Courtrai (Kortrijk), Deinze, Sint-Martens-Latem, avant de se jeter dans l'Escaut à Gand. Autant dire que les amoureux de ce cours d'eau encore peu connu sont français et belges et qu'ils entendent promouvoir ensemble les attraits de cette rivière. Comme dans le cas des plages flamandes (voir notre reportage), l'Union europénne contribue  à cette promotion aux côtés des Offices de tourisme des agglomérations concernées. Un travail en commun entre francophones (Lys sans frontières) et flamands (Toerisme Leiestreek) pour développer une destination touristique à l'avenir prometteur.

 

Reportage (texte et photos)  Guy Riboreau ©

 

Sur la Lys près de Haverskerque

 

Sur 214 km de cours d'eau - 126 en France, 88 en Belgique - la Lys offre des paysages contrastés. D'abord modeste rivière au cours rapide, elle se retrouve à passer en siphon sous un canal à grand gabarit à Aires sur la Lys, avant de s'assagir tout en doublant le canal. Prairies humides aux exploitations agricoles importantes, industries diverses, patrimoine architectural civil et religieux, les bords de la Lys se prêtent bien à différentes formes de tourisme. Les géographes distinguent d'ailleurs plusieurs "pays" aux caractéristiques différentes :

 

- Le Pays du Ternois, fait de collines, de sources, de ruisseaux et de rivières dont la Ternoise. C'est là que nait la Lys. Le Ternois possède quelques belles églises romanes, gothiques ou Renaissance (Saint-Léger à Anvin, Saint-Martin à Eps-Herbeval, Saint-Omer à Verchin, par exemple), de multiples chapelles, des châteaux (Boyaval, Verchin). C'est le paradis des pêcheurs à la truite et des randonneurs.

 

- Le Pays d'Aire-sur-la-Lys, du nom de sa ville principale. Un lieu stratégique, fortifié à maintes reprises, notamment par Vauban. Ce qui ne l'empêcha pas en 1710 de tomber sous les coups des alliés contre la France de Louis XIV, anglais, allemands et hollandais. Une cité militaire mais aussi commerçante. La Lys, devenue navigable, permet d'importer et d'exporter et, en dépit des aléas de l'Histoire, la ville aura connu des périodes de grande prospérité. Il en reste un patrimoine architectural remarquable : la Grand Place et son Baillage datant de 1600, le Beffroi, la Collégiale Saint-Pierre et ses grandes orgues, en tout 23 monuments historiques !

 

- La Lys Romane, striée d'anciennes voies romaines, au patrimoine architectural impressionnant comme l'église de Guarbecque (fin du XIè siècle) ou celle de Lillers (XIIè). Au Mont Bernanchon, une Maison de la Nature à vocation pédagogique nommée Géotopia propose ses parterres de plantes diverses et son petit observatoire permet de s'initier à l'astronomie.

 

 

 

- La Flandre-Lys. La rivière quitte le Pas-de-Calais pour le Nord. Pour les plaisanciers, Haverskerque est un port bien équipé fréquenté de plus en plus par les Belges et les Néerlandais.  Le Café du port qui ne manque pas de charme est une halte quasi-obligatoire...

 

 

A la Capitainerie, on peut  louer des vélos, des bateaux de promenade ou des vedettes sans permis pour aller découvrir les charmes du paysage et de la faune locale : maisons du bord de l'eau, hérons cendrés vous accompagnant dans votre navigation

 

 

 

 

Les berges sont équipées de pistes cyclables et, pour peu que le ciel soit clément, les balades y sont très agréables.

A Merville, la ville aux 15 ponts, autre halte nautique, on est dans le pays des "Caous" (chats, en vieux picard). Les livres d'histoire et les guides locaux vous apprendront la raison de cette appellation qui remonte aux luttes entre protestants et catholiques dans la région. La ville a été presque entièrement détruite pendant la guerre de 1914 puis reconstruite dans le style néo-flamand.

 

Le beffroi de Merville

 

Une petite brasserie artisanale s'est installée en périphérie de la cité, la Brasserie du Caou  aux productions intéressantes. La Brasserie se visite.

 

 

Autres productions locales : le lingot du Nord (idéal pour le cassoulet) et la Bintje (la reine des frites !) qui bénéficie ici d'un Label rouge.

 

A partir de Merville, un ancien chemin de halage peut vous emmener en vélo jusqu'à La Gorgue. Jolie cité dotée elle aussi d'un beau beffroi, elle possède une rare écluse ronde imaginée par Vauban.

 

 

 

 

- Les Monts de Flandre ou Plaine de la Lys. On est là à quelques kilomètres au nord-ouest de Lille. La rivière serpente au pied des monts. Halte fluviale encore à Sailly-sur-la-Lys. Cette cité vouée au textile et à la culture du lin fut le berceau du renouveau de la cornemuse  en Flandre. On jettera un coup d'oeil amusé à La Gare des Années Folles, une ancienne gare où des wagons-lits du PLM ont été aménagés en chambres, la gare elle-même étant devenue un restaurant.

 

 

 

A Sailly-sur-la-Lys

 

 

- La Lys métropolitaine. Cap sur Armentières chère à Line Renaud (Mademoiselle from Armentières). La rivière a été détournée du centre-ville pour éviter les inondations. La "cité du lin" a beaucoup souffert des guerres. Son hôtel de ville  a été dynamité en 1918 et reconstruit en style néo-gothique flamand  avec son beffroi de 67 mètres.

 

 

 

La ville a aménagé une belle salle de spectacles, le Vivat, dans son ancienne halle près de l'Hôtel de ville. Le port sur la Lys est important et offre toutes les facilités aux plaisanciers. De nombreux musées sont à voir dans la région : musée de la Brasserie, musée de la Rubanerie, musée du Téléphone,  à Comines-Warneton. Puis à Halluin, autre halte fluviale au patrimoine architectural très diversifié dont de belles maisons des XVI et XVIIè siècles et le "Manoir aux loups" et son arboretum que Claire en France vous présente à la rubrique des Parcs et jardins.

 

- La Lys frontalière : 27 km de frontière commune France-Belgique, avec la "nouvelle" Lys, canalisée et l'ancienne qui serpente à ses côtés offrant un espace de petites îles, de chenaux, d'espaces verts où nautisme, balades cyclistes, randonnées pédestres, sont privilégiées. On pénétre là en pays flamand riche d'histoires de contrebande quand l'Europe n'en était encore qu'à ses débuts. Wervik en garde le souvenir avec son musée du Tabac qui évoque les démélés des contrebandiers avec les douanes... Menin ensuite, ville d'architectures anciennes dont ses remparts et son beffroi aux 49 cloches et ville de fêtes également. On y célèbre Breughel chaque 3è dimanche de juin

 

- Le coeur de Flandre occidentale. Les cyclistes trouveront ici leur bonheur et un intéressant musée du cyclisme à Roulers, la bien nommée. Les châteaux se succèdent au fil de la Lys : Rumbeke, Ingelmunster Dassonville

 

- La Vallée de la Lys mitoyenne. C'est à Courtrai qu'il convient de consacrer du temps. La ville a beaucoup souffert des guerres, elle aussi, mais elle a de fort beaux restes et il faut la découvrir lentement, à vélo, avec un "Greeter", ces accompagnateurs bénévoles connaissant bien l'histoire de leur cité et heureux de vous la faire découvrir. C'est le cas de Jan (prononcer Ian) qui nous a montré l'essentiel de ce qu'il faut voir à Courtrai.

 

 

C'est en passant entre les deux tours Broel que la Lys (du moins son ancien bras) pénétre dans la ville. Elles ont servi à sa défense. La ville a gardé de nombreux vestiges de son passé médiéval : superbes églises (Notre Dame, Saint Martin), chapelles (celle du Béguinage notamment) et l'incontournable beffroi abritant son carillon de 48 cloches.

 

 

 

L'hôtel de ville de style gothique tardif -Renaissance avec les statues des Comtes de Flandre qui ornent sa façade

 

Façades flamandes, Art Nouveau, Art Déco, Courtrai fait preuve d'un éclectisme architectural étonnant

 

Le Musée Schouwburg

 

Il faut prendre le temps de visiter les nombreux musées de la ville dont celui du lin puisque, grâce à la Lys, Courtrai a été un centre important de production textile, de lin surtout. A voir également le musée Kortrik pour y découvrir la Bataille des Eperons d'or quand les Flamands écrasèrent la cavalerie française en 1302 et le musée de la Boulangerie et de la Meunerie.

 

Les berges de la rivière ont été aménagées pour créer des espaces de promenade. Piétons et cyclistes  y trouveront même une plage.

Petite écluse sur un canal

 

Outre ses richesses architecturales, artistiques et historiques, Courtrai est un lieu ou le mot "Shopping" veut vraiment dire quelque chose avec des prix souvent inférieurs à ceux de la France. Voir notamment le "K", un immense centre commercial au coeur de la cité.

 

- Le Pays du Haut-Escaut occidental. On entre là dans un paysage vallonné, de petits villages pittoresques. Les circuits de randonnées sont nombreux - randonnées pédestres, cyclistes, à cheval...

 

- La Vallée du Mandel. Le Mandel est l'affluent le plus important de la Lys en Flandre. On y trouve une écluse à 3 sas à Ooigem qui organise chaque année en octobre un concours de natation... des chiens ! Ooigem possède une belle église romane (XIè siècle) et un château des XIIIè et XIVè siècles.

 

- La Vallée de la Lys en Flandre orientale. Avant d'atteindre Gand, et l'Escaut, la Lys dessert toute une série de villages souvent habités par des artistes ou des familles aisées de Gand qui y trouvent calme et sérénité dans un environnement préservé. Les balades en bateau permettent de s'arrêter à Deinze et d'aller voir les oeuvres des "peintres de la Lys", de 1875 à nos jours dans son musée.

 

 

Ecluse près de Deinze

Les berges de la Lys entre Deinze et Sint-Martens-Latem (Laethem-Saint-Martin)

 

A Gand la Lys se perd dans l'Escaut et, comme à Courtrai, on prendra le temps de visiter cette "ville la plus agréable de la Flandre" comme on l'a proclamée. Sa cathédrale Saint-Bavon, ses musées, ses trois tours, son ancienne halle aux viandes qui promeut aujourd'hui les produits régionaux, ses vieux quartiers avec les maisons des Corporations... autant de raisons de passer à Gand une semaine de découvertes d'un patrimoine éblouissant.


 

On voit bien à la lecture de ce qui précède que la Lys offre au visiteur plusieurs formes de tourisme :  tourisme fluvial bien sûr, car les berges offrent bien des haltes champêtres très agréables, tourisme pédestre et cycliste aussi avec des pistes bien aménagées, des loueurs de vélo. Tourisme culturel également car le patrimoine architectural et historique des agglomérations traversées est important. Tourisme gastronomique aussi car les flamands - français et belges - aiment généralement la bonne chère et on trouve, en suivant la Lys, quelques très bonnes adresses...

 

Informations pratiques

 

S'informer :

Côté français

C'est l'association  Lys sans frontières (www.lys-sans-frontières.org) qui est l'opérateur principal (elle fédére 71 Offices de Tourisme) auprès duquel on trouvera documentation, cartes et conseils utiles et un excellent petit guide "La Lys au pays des merveilles" qui va de la source à l'Escaut. De même, l'association publie aux Editions Ouest-France "La Lys en roue libre", un vélo-guide de Michel Bonduelle qui fourmille de bonnes adresses sur tout le cours de la rivière.

 Lys sans Frontières

3335 rue de la Lys

62840 Sailly-sur-la-Lys

Tél. 03 21 25 10 68

contact@lys-sans-frontieres.org

 
Côté belge

C'est Toerisme Leiestreek (www.toerisme-leiestreek.be) qui est le partenaire de Lys sans Frontières (Lys se dit Leie en flamand) :

 Streekhuis Z-W-Vlaanderen

 Doorniksesteenweg 218

8500 Kortrijk

T (00 32) 56 24 99 95

info@toerisme-leiestreek.be


 

Se loger

Les guides des Offices de Tourisme vous fourniront les coordonnées des hôtels, gîtes, chambres d'hôtes, de toutes catégories. Retenons le circuit des "Cabanes", des gîtes confortables conçus pour 4 personnes, s'intégrant bien dans le paysage et permettant, sur réservation, de faire tout un circuit le long de la rivière. 

Information-réservation : www.lys-sans-frontières.org, boutique Les cabanes.

 

 

Cabane à Sailly-sur-la-Lys

 

 


 

Se restaurer

 Là encore, les guides vous conseilleront utilement pour découvrir les spécialités flamandes (waterzoï, carbonade, gaufres, etc.), les bières locales et les bonnes adresses.

Il y a dans le nord de la France et en Belgique des "estaminets". Des lieux où bonne chère et convivialité sont au rendez-vous, à des prix souvent doux, dans une ambiance décontractée. Toutes les villes en possèdent. Retenons pour son côté plus festif encore, à Merville la Ferme-auberge de l'oiseau perdu, un restaurant et 5 chambres d'hôtes. Une cuisine roborative (cochon grillé à la broche par exemple) et le patron qui pousse la chansonnette en se coiffant de chapeaux improbables et en invitant ses clients à danser le Madison entre 2 plats...

 

 

Ferme-auberge de l'Oiseau perdu

21 Chapelle Guaquière

59660 Merville

T 03 28 40 05 49

 

A Armentières, on peut être tenté d'aller goûter aux préparations des élèves du Lycée professionnel Ile de Flandre et de son restaurant d'application. Il y a parfois de petits problèmes de préparation ou de présentation des plats mais les enseigants sont là pour rectifier. C'est de toutes façons instructif de voir comment les jeunes sont formés aux durs métiers de la restauration. Tél. 03 20 77 80 20, quai de la dérivation BP 106 59427 Armentières.

Les prix sont doux : 15€ le midi, 28€ le soir, boissons comprises. Nous y avons dégusté un menu alsacien tout à fait honorable. Sur réservation le mardi et le jeudi.

 

Dans un tout autre style évidemment, en plus "gastronomique",  on trouvera en terrasse au bord de la Lys, côté belge à Astène-Deinze, le Halifax. Bons poissons et crustacés, anguilles locales, une guinguette haut-de-gamme accessible en bateau

 

 

Restaurant Halifax
Emiel Clauslaan 143
9800 Astene-Deinze (entre Courtrai et Gand)

Créé le : 09/10/2014 - Mise à jour : 14/12/2014
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