La cathédrale de Reims fête ses 800 ans
2011 est l'année des 800 ans de Notre-Dame de Reims. Pour célébrer cet évènement historique majeur, la ville a conçu un programme sur plusieurs mois, du 6 mai au 23 octobre : nombreux concerts, spectacles de rue, expositions, conférences, ainsi qu'un étonnant spectacle de mise en lumière dernière génération de la cathédrale. Des festivités à la hauteur du rayonnement international de l'édifice accueillant chaque année 1,5 million de visiteurs.
Pour l'anniversaire de ce monument emblématique de la Champagne et de l'histoire de France, six nouveaux vitraux conçus par l'artiste allemand Imi Knoebel et réalisés par l'Atelier Simon Marq sont venus colorer l'abside de la cathédrale.
Textes et photos (sauf mention spéciale) : Guy Riboreau ©
"Reims, l'unique objet de mon assentiment"... C'est ce qu'auraient sans doute pensé tous les rois (ils furent 25 !) qui se sont fait couronner à Reims si Corneille était né et avait écrit Horace bien avant le baptême de Clovis... Napoléon lui-même y a peut-être songé en souriant avant de se faire sacrer, lui, à Notre Dame de Paris... Reims, en tous cas, garde de de son héritage historique une grandeur et un patrimoine incomparables que le 800ème anniversaire de sa cathédrale donne l'occasion de célébrer. Que de beaux restes dans une ville qui sait marier harmonieusement l'Histoire et le Champagne !
Il est bien des manières d'aborder une ville : son histoire, son architecture, son organisation, sa vie politique et sociale, ses bonnes adresses, ses réalisations et projets, ses secrets, sa présence dans le pays et dans le monde, autrement dit son aura.
Pour Reims, il faudrait parler un peu de tout cela : la cathédrale Notre Dame, joyau de la deuxième période gothique (13ème siècle) et le sourire de ses anges, le Palais du Tau, les maisons de champagne et leurs "crayères", la Bibliothèque Carnegie mais aussi la meilleure brasserie, le meilleur pâtissier, charcutier-traiteur, fabricant de douceurs; l'église Saint-Remi mais aussi le tramway inauguré cette année... Sans oublier les lieux de spectacle, de séjours, de promenade, voire de perdition...
Les rémois savent-ils que leurs faits et gestes sont observés par les centaines de visages de pierre qui peuplent la cathédrale ?
Allez savoir si certains de ces rémois ne se retrouveront pas transformés en monstres de pierre comme cet ancien archevêque qui surveille la ville du haut de ses pattes de cygne (ci-dessous)...
Les rois de pierre de la cathédrale et les bons apôtres cependant veillent au grain.
Partout, à l'intérieur comme à l'extérieur, ce sont personnages célèbres ou anonymes, gargouilles gigantesques, frises... et, non loin, la Justice règne en son Palais...
Tout autour, ce ne sont que petites merveilles d'architecture des 16, 17, 18, 19 et 20èmes siècles.
Restons encore à admirer la cathédrale dont la construction a commencée le 6 mai 1211. Pensée, construite et sculptée par les hommes, elle a aussi beaucoup souffert de leur folie. La guerre de 14-18, si elle ne lui a pas été fatale, a fait fondre sa toiture de plomb dans un incendie et ravagé la charpente et les sculptures de ses portails.
Avant les bombardements, ce ne sont pas moins de 2303 sculptures qui figuraient à son inventaire ! Beaucoup ont été remplacées et le travail de restauration se poursuit encore aujourd'hui.
Anges, Apôtres, saints et rois de France peuplent les façades
La charpente, quant à elle, a du être refaite entièrement à partir d'un procédé génial de poutrelles de béton assemblées à l'ancienne :
Gros plan sur un assemblage
La cathédrale de Reims, c'est aussi ses vitraux. Tous ne sont pas anciens comme la grande Rose de la façade (13ème siècle) consacrée à la Vierge Marie.
Ceux du chœur sont signés Marc Chagall (1974).
Chagall a réussi le pari d'intégrer parfaitement ses personnages bibliques à l'édifice gothique
D'autres vitraux sont de facture très moderne comme les brillantes créations de Brigitte Marq de l'Atelier Simon-Marq qui a largement contribué aux diverses restaurations des vitraux :
Pour le 800ème anniversaire de l'édifice, commande de six nouveaux vitraux a été passée à l'artiste allemand Imi Knoebel. Des vitraux constitués d'à-plats colorés que l'Atelier Simon-Marq a également réalisés et posés avec l'appui d'un autre maître-verrier, Duchemin, à Paris. Les six vitraux trouvent place de chaque côté de l'abside, encadrant donc ceux de Chagall
Imi Knoebel lors de la pose d'un vitrail
Photo ci-dessus et 2 suivantes : Ivo Faber ©
Vue du chantier
Détail d'un vitrail
Pour les amateurs de chiffres, la nef de Notre Dame de Reims s'élève à 38 mètres et elle est longue de 138 mètres. A l'extérieur, la cathédrale frôle les 150 mètres de longueur.
Avec ses tours inachevées de 81 mètres (sans flèche), même meurtrie par les siècles, la cathédrale garde fière allure.
C'était vers 496... le site était déjà occupé par les chrétiens puisque Saint Nicaise y avait inauguré une première cathédrale en 401 sur d'anciens thermes gallo-romains.
C'est dans cette église là, dont les fondations sont encore présentes sous l'actuelle cathédrale, que Clovis accéda (enfin, car il était réticent) au souhait de son épouse Clotilde de se convertir au catholicisme. L'évêque de Reims alors s'appelait Remi. Il baptisa le roi franc avec 3000 de ses guerriers. C'est du moins ce qu'affirme le chroniqueur de l'époque, Grégoire de Tours...
Aujourd'hui et pendant toute l'année 2011, la cathédrale est à la fête. A l'intérieur avec des concerts d'orgue, à l'extérieur, avec une mise en lumière et en couleurs des personnages de la façade, des spectacles de rue, des conférences...
Le fameux sourire de l'ange s'en trouve transformé...
Pour en savoir plus sur Reims :
Voir nos articles :
- sur le Palais du Tau, à la rubrique "Musées"
- sur la Bibliothèque Carnegie à la rubrique "Sites divers"
et ceux de la rubrique "Restaurants"
