A Versailles la nouvelle Galerie des Carrosses
A Versailles, la nouvelle galerie des Carrosses accueille les trésors d'une collection restaurée. Au cœur de la Grande Ecurie, revit l'époque où rouler carrosse exigeait de faire appel aux plus grands artistes et artisans de la Cour.
Visite avec Marianne Lohse ©
Calèche dite "du Dauphin"
"Il faut passer du temps dans la demeure du Roi pour mesurer tout ce qui change pour que rien ne change" dit Catherine Pégard... Travail inlassable. En poussant la porte des Grandes Ecuries avec la présidente de l'Etablissement Public du château, du musée et du domaine national de Versailles, on découvre dans toute sa splendeur l'une des plus belles collections de carrosses d'Europe. Restaurés pour une exposition au musée des Beaux Arts d'Arras, ces équipages qui sommeillaient dans des réserves sont aujourd'hui visibles, grâce au mécénat de la Fondation Michelin. La galerie qui les accueille (elle était fermée depuis 2007) a doublé sa surface, s'étendant à présent sur 1.000 m². Entre la sobriété des voûtes conçues par Jules Hardouin- Mansart, face au château, pour ces bâtiments qui abritaient des centaines de chevaux et la foisonnante richesse de ces voitures d'apparat, le contraste est saisissant. Symbole du pouvoir royal, la plupart des carrosses ont été détruits à la Révolution avant de revenir sur le devant de la scène avec l'Empire et la Restauration. Ce qui reste de l'Ancien Régime? Des voitures d'enfant, des chaises à porteur, des traineaux ornés d'un merveilleux bestiaire (les courses sur le grand Canal gelé ou les allées enneigées du parc faisaient fureur). Tout ce que l'on voit ici représente une page d'Histoire, à travers des événements majeurs: mariage, baptême, sacre ou funérailles. La fabrication de ces voitures d'un luxe inouï impliquait un grand nombre d'artisans, les meilleurs du pays: carrossiers, menuisiers, charrons, sculpteurs, peintres, doreurs, serruriers, miroitiers, lanterniers, bourreliers, passementiers, brodeurs, au total 25 corps de métiers différents.
Roue du carrosse du sacre de Charles X
"Au-delà de sa qualité artistique, la collection est aussi un salon de l'Auto des XVIIIe et XIXe siècles présentant les plus beaux prototypes et les dernières avancées de la carrosserie française" souligne Hélène Delalex, attachée de conservation.
Passementerie
Au XVIIe siècle, l'angle de braquage augmente de 30 à 90 degrés. Peu après les modèles se diversifient : carrosses mais aussi berlines, coupés, calèches, chaises de poste...De nouveaux accessoires apparaissent comme ces marchepieds à tiroir, ces glaces réglables, ces vide-poches, ces caves renfermant nourriture et boissons. Les voitures les plus nombreuses de la collection datent de Napoléon 1er et portent le nom d'une pierre précieuse. Elles ont été utilisées le 2avril 1810 pour le mariage de l'Empereur avec Marie-Louise d'Autriche.
La Topaze, berline du mariage de Napoléon
Ce jour la, 40 luxueuses berlines et 240 chevaux descendirent les Champs-Elysées jusqu'au Tuileries. Pour célébrer en la cathédrale de Paris, le baptême du duc de Bordeaux, fils du duc de Berry né cinq mois après l'assassinat de son père, le cortège est composé de 27 carrosses précédés et suivis de la garde royale à cheval.
Carrosse pour le baptème du Duc de Bordeaux
Le comble de la magnificence? Le carrosse conçu pour le sacre de Charles X, le 25 mai 1825, en la cathédrale de Reims. Il était si lourd (4 tonnes !) avec ses ornements de bronze doré qu'il fit le voyage sur des roues plus robustes et moins précieuses. Il servit à nouveau le 6 juin pour l'entrée du roi à Paris et une troisième fois pour le baptême du prince impérial, fils de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, le 14 juin 1856. Les insignes royaux furent alors remplacés par les emblèmes impériaux.
Coupé de gala de la Présidence de la République
Marianne Lohse
Pour plus d'informations : 01 30 83 78 00
