Le Haut-Koenigsbourg : un nid d'aigle en Alsace

 

 

Ce qui frappe, d'emblée, c'est cette impression de puissance, cet entassement de masses de grès rose  sur le dernier contrefort du massif vosgien, à 755 mètres d'altitude, cet imposant donjon.  

 

 

Edifiée au XIIème siècle par le duc de Souabe, Frédéric de Hohenstaufen puis possession des Habsbourg, la forteresse est saccagée par les Suédois pendant la guerre de Trente Ans. Abandonnée pendant plus de deux siècles, elle entre, en 1865, avec la forêt voisine, sous l'impulsion de Prosper Mérimée dans le patrimoine de la ville de Sélestat. Que faire, dans une Alsace annexée, d'une ruine qu'admirent les Romantiques mais dont la reconstruction semble inabordable? La ville décide, en 1899, de l'offrir à un homme aussi puissant que fortuné: Guillaume II de Hohenzollern, empereur d'Allemagne.  Pour le kaiser qui accepte avec empressement, ce cadeau marque le retour de l'Alsace au monde germanique. Après les Hohenstaufen et les Habsbourg, il est lui, dit-il le Hohenzollern, le troisième "H "...Puisant dans sa cassette personnelle, l'empereur en confie la restauration à l'architecte Bedo Ebhardt.

 

 

 

Lancé en 1901 avec des moyens extrêmement modernes, le chantier est terminé en 1908. Le but de Guillaume II n'est pas d'en faire une résidence impériale (lors de ses déplacements, il dort à Strasbourg) mais un musée de la chevalerie germanique au Moyen Age.

 

 

 

 

Bien que plusieurs bâtiments médiévaux aient été restaurés au XIXème siècle (entre autres, le château de Pierrefonds par Viollet-le-Duc), les Alsaciens moqueront ce goût pour le Moyen Age et le considéreront comme typiquement allemand. Pente des toits, utilisation des tuiles pour  leur couverture, construction d'un moulin à vent et non à bras seront vertement critiqués. Il faudra attendre que bien des cicatrices s'effacent pour que le travail, remarquable, de Bodo Ebhardt soit  enfin reconnu.

 

 

 

Aujourd'hui, on franchit  la Porte aux Lions, on gravit  les marches de l'escalier  d'honneur néo-gothique (Jean Renoir le fit emprunter à ses personnages, en 1937, lors du tournage de "La Grande Illusion"), on découvre la salle des fêtes et la salle des trophées aux fresques peintes par Leo Schnug, on s'attarde devant les monumentaux poêles de faïence avec le sentiment étrange de voyager dans le temps. Des milliers de meubles et d'objets ont été collectés. Tous sont restés en l'état où ils avaient été achetés, au début du XXème siècle.

 

 

 

 

Marianne Lohse

 

Un été alsacien

Nouveau directeur du château du Haut-Koenigsbourg, Bruno Caro souhaite mettre encore davantage en valeur ce bâtiment exceptionnel. Ainsi, la venue des visiteurs sera facilitée avec notamment la possibilité d'acheter directement son billet sur le site Internet. En juillet, la troisième édition du festival BD a accueilli auteurs et illustrateurs qui s'inspirent du château dans leurs ouvrages. Le 6 août, la forteresse deviendra la demeure du plus célèbre des vampires, le comte Dracula. Lors d'un ciné- concert. Le duo Fritz The Cat proposera en effet une relecture du film canadien de Guy Maddin, " Dracula, pages tirées du journal d'une vierge "(2003), plusieurs fois primé. Visites thématiques guidées par de personnages ne costume d'époque, ateliers sur le miel et la cire au Moyen Age, secrets dévoilés des jardins médiévaux: l'été s'annonce beau au Haut- Koenigsbourg.

 

 

 

Plus d'informations sur www.haut-koenigsbourg.fr