Une journée à Auvers sur Oise entre Van Gogh, Daubigny et le Musée de l'Absinthe

Cette année, Auvers-sur-Oise, connue pour avoir hébergé Van Gogh, célèbre le bicentenaire du peintre Charles-François Daubigny, précurseur du mouvement des Impressionnistes. C'est l'occasion d'une balade dans cette attachante petite ville aux portes de Paris qui fut le rendez-vous des peintres paysagistes qui aimaient à se retrouver sur les bords de l'Oise.

 

Reportage : André Degon ©

 

La maison-atelier de Daubigny

 

 

 

 

Lorsque l'on évoque Auvers-sur-Oise aux portes de Paris, on pense tout de suite à Vincent Van Gogh, à qui cette charmante petite ville doit sa notoriété même s'il n'y  vécut que soixante dix jours pendant lesquels il peignit soixante dix toiles jusqu'à ce jour fatidique du 27 juillet 1890 où il se tira une balle dans la poitrine dans sa misérable chambre de l'auberge Ravoux.

 

Tombes de Vincent VanGogh et de son frère Théo

 

Et pourtant Auvers-sur-Oise accueillit d'autres artistes qui délaissaient la capitale pour venir planter leurs chevalets à la campagne. Il est vrai que la création en 1859 du tube de peinture à fermeture étanche a grandement contribué à la naissance des peintres paysagistes et des Impressionnistes. C'est le cas de Charles-François Daubigny qui, après avoir travaillé dans la forêt de Barbizon, découvrit Auvers-sur-Oise grâce à son vieux maître Camille Corot. Il y passera dix huit ans, jusqu'à sa mort en 1878 dans cette maison-atelier qu'il entreprit de construire en 1861. A l'occasion du bicentenaire de la naissance de l'artiste, la municipalité avec le soutien du Comité régional du tourisme Paris-Ile-de-France a entrepris d'axer sa saison touristique et culturelle sur l'artiste considéré comme le père fondateur de l'Impressionnisme. Une occasion de flâner aux portes du Vexin dans la cité du bord de l'Oise.

 

Sur les pas de Daubigny

A une trentaine de kilomètres à l'ouest de Paris, loin des tracas de la capitale, la petite ville d'Auvers-sur-Oise se déguste à pied à travers ses ruelles tranquilles. Au 61 de la rue bien nommée Daubigny, se trouve la maison-atelier du peintre agrémentée d'un petit jardin. Classée monument historique en 1993 puis labellisée " maison des illustres ", la demeure de l'artiste est dépositaire d'un véritable trésor artistique : les exceptionnels décors peints sur les murs par Daubigny et ses enfants ainsi que ses amis Corot, Daumier et Oudinot.

 

 

Les descendants du peintre, Anne Raskin-Daubigny et ses enfants Michel et Cécile vivent encore dans cette maison-musée et entretiennent ce lieu de mémoire en lui conservant son authenticité. Les quatre panneaux de la salle à manger sont l'œuvre du peintre et de ses enfants Cécile et Karl qui peignit le coq sur la porte. La chambre de Cécile est la pièce la plus " fleurie ". Pour les vingt ans de sa fille, Daubigny a entrepris en 1863 de décorer le plafond et les murs avec des motifs floraux, d'illustrer les contes de Perrault, de Grimm pour lui rappeler son enfance. En suivant le petit couloir, on débouche sur le majestueux atelier qui avec ses 7,50 m de haut dépasse le toit de la maison. Daubigny avait décidé que la décoration des murs de la maison s'arrêtait à ceux de la chambre de Cécile, mais son ami Corot s'insurgea et entreprit de dessiner les cinq panneaux de l'atelier, Daubigny changea alors d'idée et le rejoignit ainsi que l'architecte de la maison Oudinot et Karl qui décora les parties hautes de la frise.

 

Daubigny photographié par Nadar

 

Sur un côté de l'atelier est exposée une maquette du Botin, le deuxième bateau-atelier qu'utilisait Daubigny pour peindre ses paysages fluviaux, exécutée par la famille Raskin-Daubigny.

 

La maquette du Bottin (écrit avec 2 T)

 

Une reconstitution du premier bateau-atelier du peintre, le Botin (avec un seul t), est actuellement en cours. Il sera mis à l'eau lors des Journée du patrimoine en septembre prochain.

www.atelier-daubigny.com

 

Aux sources de l'Impressionnisme

Non loin de la maison-atelier, rue de la Sansonne, le musée Daubigny situé dans le ravissant manoir des Colombières abrite quatre collections de 1600 œuvres, la principale étant constituée de peintures et gravures autour de Daubigny et de son fils Karl. Fondé en 1987 par quatre passionnés dont Daniel Raskin-Daubigny, ce musée est aujourd'hui municipal.

 

 

Cette année pour le bicentenaire de la naissance du peintre, après Cincinnati, Edimbourg et Amsterdam, le musée Daubigny présente jusqu'au 3 septembre une exposition temporaire unique de quatre-vingt-dix peintures, gravures, dessins et clichés-verres illustrant l'œuvre de l'artiste, notamment son travail à bord du Botin, sa vision de la Normandie lors de ses séjours à Villerville près d'Honfleur.

 

Daubigny peignant dans son bateau-atelier

Dessin :Delattre, Paris

 

La petite cuillère percée

Rue Callé, au 44, une belle maison en pierre et son jardinet aux plantes aromatiques abrite le musée de l'absinthe. Etonnant endroit où sont collectés tous les objets en rapport avec la " fée verte ", et non moins étonnante, la propriétaire et créatrice de ce petit musée unique.

 

 

Un jour de janvier 1981, Marie-Claude Delahaye, chercheuse et enseignante en biologie cellulaire à l'université Pierre et Marie Curie, tombe en arrêt devant une petite cuillère percée qui pique sa curiosité. Et quand on lui parle de l'absinthe, l'alcool qui rend fou, sa curiosité augmente. Et sa vie change. Elle devient " accro " non pas à l'alcool, mais à son histoire. De bibliothèques en brocantes, elle cultive sa passion et devient la spécialiste mondiale de l'absinthe. Elle écrit un livre, fait circuler une exposition avant de trouver en 1994 un point de chute à Auvers-sur-Oise. Et c'est l'ouverture de son musée, avec sa salle de café et son zinc qui évoque les bistrots d'antan qui existaient à l'époque des Impressionnistes.

 

 

 

Daumier, l'ami de Daubigny les a fréquenté et caricaturé les buveurs d'absinthe. Dans ce musée, on retrouve ses caricatures parmi les gravures et dessins de presse qu'expose Marie-Claude Delahaye.

 

 

On peut également, dans ce musée très particulier, déguster l'alcool désormais autorisé avant de se rendre à l'incontournable auberge Ravoux. www.musee-absinthe.com

 

 

L'auberge Ravoux hier et aujourd'hui

La chambre n°5

C'est l'histoire d'un Belge qui, en 1985, traversant Auvers-sur-Oise en voiture, se fait emboutir par un chauffard. Le rapport de gendarmerie mentionne que l'accident a lieu devant la maison de Van Gogh. Il s'agit en fait de l'auberge Ravoux où l'artiste séjourna jusqu'à sa mort, vivant sous les toits, dans la chambre n°5, minuscule pièce de 7 mètres carrés éclairée par une seule lucarne.

Curieux, Dominique-Charles Janssens, puisque c'est de lui qu'il s'agit, découvre la correspondance du peintre et de son frère durant sa convalescence. Fasciné en lisant ses lettres, il est ému par un souhait de l'artiste : " un jour ou l'autre, je trouverai un moyen de faire une exposition à moi dans un café ". Dominique-Charles Janssens décide alors de quitter son poste de directeur de marketing pour se consacrer au souhait de Van Gogh. Il fonde l'Institut éponyme,  rachète l'auberge et investit 17 millions d'euros pour la restaurer à l'identique, comme au temps du peintre. En septembre 1993, l'auberge Ravoux rouvre ses portes. Le succès est au rendez-vous, plus d'un million de visiteurs ont depuis gravi l'escalier menant à la chambre n°5.

 

 

Certes la pièce est vide, elle en est d'autant plus émouvante, c'est à chacun de la faire vivre. Et puis sur le mur un emplacement attend toujours que le rêve de Van Gogh se réalise. Dominique-Charles Janssens ne désespère pas. Il a faillit atteindre son but il y a douze ans : le musée Pouchkine de Moscou avait donné son accord pour le prêt de " Paysage d'Auvers après la pluie ", mais les Musées de France ont, dit-il, refusé que le tableau soit exposé dans une auberge. L'homme est têtu, il continue son combat. Il a déjà réussi à faire revivre l'auberge qui a régalé près de 160 000 convives depuis son ouverture. http://www.maisondevangogh.fr/

 

                                               ___________

A voir également

- Les tombes de Théo et Vincent Van Gogh au cimetière d'Auvers

- La maison du docteur Gachet, 78, rue du Docteur-Gachet. Médecin, peintre amateur (il exposa au Salon des Indépendants) et graveur, le docteur Gachet s'occupa de Vincent Van Gogh à la demande de son frère Théo. Jusqu'au 25 juin, la Maison présente une exposition des invitations et comptes-rendus des Dîners des Eclectiques, société rassemblant poètes et artistes. Ces eaux-fortes prêtées par la Société du Vieux Montmartre reflètent l'esprit potache qui régnait à la fin du XIXe siècle dans les milieux artistiques parisiens. https://youtu.be/VYZinud7A6M

Le Docteur Gachet avait un beau jardin toujours bien entretenu par un jardinier passionné, Michel Jourdheuil. Voir la vidéo de "Jardin-Jardinier" :

https://www.youtube.com/watch?v=8dhfr9nnA48&feature=em-upload

-

L'église Notre Dame, au sommet d'une petite colline,  rendue célèbre par le tableau qu'en fit Van Gogh. Festival de musique Opus du 9 juin au 7 juillet, informations : 01 30 36 77 77.

- La galerie municipale d'art contemporain, 5, rue du Montcel. Tel. : 01 30 36 15 42.

Une série d'expositions et de rencontres sont organisées par le GRAP'S, une collectif d'artistes vivants à Auvers (entrée gratuite). Vernissage du peintre Daoud le samedi 10 juin à 17h.

- Le château d'Auvers, rue de Léry. Tel. : 01 34 48 48 48. Nouveau concept de visite en préparation. Ouverture pour les Journées du patrimoine : Aux sources de l'impressionnisme avec reconstitution de l'atelier d'un peintre, présentation de la collection Lefranc & Bourgeois, présentation de l'œuvre de Monet... http://www.chateau-auvers.fr/

- Les ateliers d'Emile Boggio, peintre postimpressionniste né à Caracas et établi à Auvers en 1910. Ces ateliers situés dans la maison familiale sont maintenant ceux de son arrière petit-neveu . Xavier, artiste contemporain - il peint et sculpte, utilise ciment sable et résine pour ses œuvres. Il a voulu conserver l'atelier de son grand oncle en l'état depuis sa disparition en 1920, lieu de mémoire d'un peintre, unanimement reconnu et célèbre au Venezuela. 47, rue Emile-Boggio. Tel. : 06 10 33 24 71. Le week-end de 14h à 18h30. Entrée : 6 euros.

- Lors des Journées du patrimoine 16-17 septembre), mise à l'eau de la reconstitution du Botin, le bateau-atelier que Charles-François Daubigny utilisait pour peindre plus commodément les paysages. Il sillonnait ainsi l'Oise, la Seine, l'Yonne.

                                               ___

Où déjeuner

- L'Auberge Ravoux, 52, rue du Général-de-Gaulle. Tel. : 01 30 36 60 60. Une institution à Auvers. Menu à partir de 29 euros (deux plats) à 39 euros (3 plats). Entre 50 et 63 euros à la carte.  Un must : le gigot de sept heures. Bel établissement restauré avec respect " dans son jus " par Dominique-Charles Janssens. Pour déguster des plats hors du temps dans un joli bistrot fin XIXe siècle.

- Le relais des peintres, 6, rue du Général-de-Gaulle. Tel. : 01 30 36 70 74. Les frères Pastoressa ont fait de ce relais un bel endroit de gourmandise bistronimique dans une grande salle claire et aérée. Menus trois plats 28 et 34 euros. Plats 18 euros. http://www.relaisdespeintres.fr/

- Sous le porche, place de la mairie. Tel. : 01 30 36 16 50. Menus 29, 34, 55 euros. Belle carte où la mer a une grande place. Animation littéraire ou musicale le vendredi soir. https://www.sousleporche.com/

- L'Atelier gourmand, 11, rue du Général-de-Gaulle. Tel. : 01 75 81 24 02. Pour ses galettes de sarrasin et ses excellents burgers dont la viande provient de la non moins excellente Boucherie d'Auvers, sur le même trottoir, tenue par Barbara et Jean-Luc Malyjurek qui ont quitté Clichy pour la cité des peintres. Comptez 15 euros pour deux plats.

                                      __________

 

Comment aller à Auvers-sur-Oise (30 km de Paris)

- Par le train : gare du Nord ou gare Saint-Lazare. Du 1er avril au 29 octobre, train direct les samedis, dimanches et jours fériés : départ gare du Nord à 9h38, retour Auvers à 18h32.  www.transilien.com .

- En voiture : par Gennevilliers, La Défense ou Port de Clignancourt direction A15.

                                      _________

Pour en savoir plus

- Office de tourisme d'Auvers-sur-Oise, tel. : 01 30 36 71 81.

- CRT Paris-Ile-de-France, www.idfutees.com

                                               

Créé le : 23/04/2017 - Mise à jour : 14/05/2017
Aucun avis
Laissez un commentaire

Retour
Flux Rss Phonothèque

© Claire en France
Hébergement & Support Le plus du Web - Création graphique Pratikmedia -

 La ligne de partage des eaux en Ardèche et ses oeuvres d'art Vins de Montlouis / L'Eco-Musée d'Alsace à Ungersheim (Haut-Rhin) : traditions architecturales et fêtes en tous genresVibrante Bilbao / Le temps d'un week-end ou d'un court séjour, Tours mérite bien une escapadeSéjour week-end à HonfleurTruffe au vent en Pays Cathare Visite d'un sous-marin nucléaire : Le Redoutable, c'est à Cherbourg, CITE  DE  LA  MERLa Cité de la Mer à Cherbourg : pour apprendre et se divertir / Savoir-faire et faire-savoir

 

 

Claire en France aime bien recevoir vos avis et suggestions.  N' hésitez pas ! Le formulaire de contact et les espaces commentaires sont là pour cela

 

Mentions légales