Sur les routes de Samarcande, Merveilles de soie et d'or à l'Institut du Monde arabe, jusqu'au 4 juin 2023

L'exposition qu'accueille l'Institut du Monde arabe est un pur enchantement, une invitation au voyage, au rêve. Réalisée grâce au soutien de la Fondation pour le développement de l'art et de la culture de l'Ouzbékistan, elle révèle le faste des plus grands émirats des XIX ème et XXème siècles.


Visite avec Marianne Lohse.

 

 


Aucun autre pays d'Asie centrale n'a conservé de vestiges aussi éblouissants de la Route de la Soie. Carrefour culturel entre Turcs et Perses, nomades et sédentaires, Ouzbeks et Tadjiks, ce pays que les Grecs nommaient  Transoxiane est aussi le berceau du grand Tamerlan, à l'origine de mosquées uniques au monde.

Commissaire générale de l'exposition, Yaffa Assouline a sillonné l'Ouzbékistan, visité tous ses musées, " fascinée " dit-elle " par la richesse, la diversité et la beauté de leurs collections " . Les pièces maitresses de ces musées, témoins d'un merveilleux savoir-faire sont, pour la première fois, montrées à Paris.

 


Les fantômes de la Route de la soie hantent encore les caravansérails disparus de Khiva, Boukhara,  Samarcande dont les seuls noms envoûtent. Déployé sur plus de 1100 mètres carrés, le parcours de l'exposition invite à découvrir les fastes des cours des plus grands émirs des XIXème et XXème siècles. De l'or, de l'or partout !

 

 

Somptueux chapans (manteaux) brodés d'or, tapis de selle en velours brodés d'or, harnais en or incrustés de pierres précieuses, bottes équestres en velours et cuir brodés d'or, coiffes (tubeteikas) recouvertes de broderies de fils d'or et d'argent...Chaque région possède ses couleurs ,ses matières, ses broderies. On ne sait où donner du regard.

 

 


A Boukhara, l'émir est un mécène. Sous Muzzafar al-Din (1860-1885) un atelier est même installé au cœur de sa résidence personnelle, la citadelle d'Ark. Une vingtaine de maitres-artisans s'y consacrent à la broderie d'or ou " sardozi " exclusivement pour lui, ses courtisans ou les cadeaux offerts aux diplomates et visiteurs de haut rang.

 

 

Summum de sophistication, le style darkham porté par l'émir et ses proches présente un motif végétal sur toute la pièce. Ce travail d'excellence est exécuté par des hommes et destiné surtout à des hommes. " Ces émirs " remarque Yaffa Assouline harnachaient leurs chevaux aussi somptueusement qu'eux-mêmes et mieux encore que leurs épouses ".

 


Les Ouzbeks, alors, croient dur comme fer que la main et le souffle de la femme ternissent l'or. Même à la cour il leur est donc interdit de porter de l'or de manière ostentatoire.  Elles se rattrapent sur les bijoux. Ils symbolisent leur statut social, leur âge et les protègent du mauvais œil. Plus la femme est jeune, plus les bijoux sont nombreux : colliers, bracelets, bagues, fermoirs diadèmes, parures frontales, anneaux de nez...A Boukhara et Tachkent, ces bijoux, massifs, !e plus souvent en argent, sont sertis de cornaline, de corail ou de turquoise.

 

 

Le plus impressionnant ? Cette coiffe de mariage ou tobelk aux allures de casque militaire dont l'arrière s'orne de pièces et d'amulettes. On s'attarde avec bonheur devant ces précieux ikats de soie, aux couleurs vibrantes, légers comme un souffle (seuls les fils de chaine sont teints) d'une modernité telle que des couturiers comme Dries van Notten les ont adoptés. Ou devant ces trésors que sont les souzani.

 

 

Des traditions toujours vives. depuis le XVème siècle, font que fillettes et femmes de la maison brodent des pièces de tissu en soie ou en coton de motifs représentant des astres, des fleurs, des fruits ou des animaux. Autant de symboles protecteurs pour conjurer le mauvais sort. Utilisé comme couvre-lit ou comme panneau mural, le souzani constitue une part appréciable du trousseau. Les femmes ouzbeks se sont aussi emparées de la laine, tissant de sublimes tapis (les plus anciens sont les tapis feutrés) redécouverts depuis peu par les collectionneurs du monde entier.

 

 

 


Dès la fin du XIXème siècle, les Russes afin de contrer les Anglais soucieux d'étendre leur influence en Asie centrale, se sont imposés dans la région. En 1924, les bolchéviques y instaurent la république soviétique d'Ouzbékistan. Pendant la seconde guerre mondiale, des milliers d'émigrés russes affluent. " Comme Matisse au Maroc, les artistes soviétiques sont frappés par la lumière unique de l'Ouzbékistan " souligne Yaffa Assouline qui a tenu- et ce n'est pas la moindre surprise de cette exposition-événement- à montrer des œuvres venues du -musée de Noukous fondé par Igor Savitsky, refuge, en plein désert, d'artistes d'avant-garde honnis par le régime.


Marianne Lohse


Jusqu'au 4 juin 2023.
Institut du monde arabe,1 rue des Fossés Saint Bernard, place Mohammed V 75005,Paris
01 40 51 38 38

www.imarabe.fr

 

A voir, également au Louvre "Splendeurs des oasis d'Ouzbékistan". Jusqu'au 6 mars 2023

Créé le : 14/12/2022 - Mise à jour : 17/12/2022
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