Le Territoire de Belfort célèbre son Centenaire en beauté
La Cité du Lion que le TGV Rhin-Rhône met à 2 heures 15 de Paris mérite vraiment le détour. Dans un superbe paysage, entre Vosges et Jura, c'est un exceptionnel lieu de mémoire avec sa citadelle qu'assiégèrent les Prussiens. Ce 11 mars et tout au long de l'année, le Territoire fête son Centenaire. Sa résistance forcenée saluée par les assaillants eux-mêmes lui valut, en 1871, d'échapper à l'annexion. Et de devenir en 1922 un département, aujourd'hui rattaché à la Franche Comté.
Balade avec Marianne Lohse.
Il faut pénétrer dans la Vieille Ville par la Porte de Brisach au fronton orné d'un soleil et de la devise de Louis XIV : "nec pluribus impar" (à nul autre pareil). Avant même de franchir les fortifications conçues par Vauban, le charme opère.
Difficile d'imaginer, en flânant dans ces ruelles tranquilles aux façades ocre, pêche ou vert amande ce que fut cette guerre franco-prussienne de 1870. Un siège de cent trois jours pour la population et la garnison retranchées sous un déluge d'obus, plus de trois mille morts... Une résistance de " l'extrême limite" menée sur tout le Territoire par Denfert-Rochereau et saluée par les assaillants eux-mêmes. Elle valut à Belfort d'échapper à l'annexion, lors du traité de Francfort. Un statut particulier, unique permit ainsi à la ville et à une centaine de communes de rester françaises. En 1922, le Territoire devint département.
On s'attarde avec bonheur Place d'Armes. Le temps s'y étire aux terrasses des cafés. Notre préféré : "Perello" que fréquentent la plupart des vieux Belfortains. A gauche de la Place, une statue de bronze d'Antonin Mercié représentant une farouche Alsacienne, baptisée " Quand même" (l'espoir que l'Alsace redevienne française subsiste quand même). A droite, un ravissant kiosque à musique Belle Epoque.
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Au fond de la Place, la cathédrale Saint-Christophe, toute de grés rose, bâtie au XVIIIème siècle. C'est ici que se tient tous les premiers dimanches du mois, à partir de mars, l'une des plus grandes brocantes de l'Est.
Omniprésente, la Citadelle, fortifiée par Vauban puis par le général Haxo semble comme accrochée au rocher. Adossé à son flanc, un colosse " terrible dans sa fureur", le Lion, hommage aux morts du conflit franco-prussien. Haute de 11 mètres et longue de 22 mètres, cette rugissante sculpture de grés rose a connu bien des vicissitudes. Pour son auteur, l'Alsacien Frédéric-Auguste Bartholdi (sa celèbrissime statue de la Liberté s'élève dans la rade de New York) elle symbolisait " ni une victoire ni une défaite mais une résistance glorieuse".
Curiosité aiguisée, on chemine dans la Citadelle, de courtine en contrescarpe. Grâce à la réalité augmentée les visiteurs découvrent, en plusieurs langues, cinq siècles d'évolution stratégique, des premières fortifications médiévales à celles du XIXème siècle. Muni d'un smartphone et d'une tablette, on choisit "sa " période historique. Reconstitutions et films en 3D sont également proposés. Cette technologie hautement sophistiquée rencontre un réel succès.
Tout comme la randonnée des Forts. Erigés pour protéger ce qu'on appelait "la trouée de Belfort" certains sont ouverts à la visite. Le plus surprenant? Le Fort de l'Otan. Autrefois classé "secret défense" il est enfoui sous le mont Salbert pendant la Guerre froide pour abriter la station radar souterraine de l'armée de l'air française. Frisson garant dans ses couloirs.
Par la rue Porte de France -on n'y ratera ni la ravissante boutique de décoration RVE ni la Mercerie, véritable institution depuis 1876- on débouche Place de la République où se dresse l'autre œuvre emblématique de Bartholdi, le monument des Trois Sièges. Ces trois sièges (1813-1814,1815 et 1870-71) forgèrent la réputation d'héroïsme de la ville. Dédié aux défenseurs Legrand, Lecourbe et Denfert-Rochereau, l'ensemble aux dimensions impressionnantes ne fut achevé qu'après la mort du sculpteur, sa veuve prenant à sa charge la moitié du financement.
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Le monument des Trois Sièges
La ville moderne est toute proche et plutôt attrayante avec ses immeubles haussmanniens, ses maisons art nouveau, ses quais longeant la rivière Savoureuse, ses espaces verts, ses boutiques branchées, son théâtre rénové par Jean Nouvel. Après l'annexion, de nombreux Alsaciens s'installèrent ici et y firent prospérer leurs entreprises. Implantée en 1879, la Société de Constructions Mécaniques mieux connue sous le nom d'Alstom y produit les TGV dernières générations exportés dans le monde entier.
Les Belfortains s'oxygènent volontiers sur les rives de l'étang des Forges, au pied de la Tour de la Miotte et sur la presqu'île du Malsaucy. Cet été, les Eurockéennes reviennent en force sur la presqu'île, du 30 juin au 3 juillet, avec 60 concerts programmés sur 4 jours et 41 artistes de renommée internationale, Muse en tête.
La Tour de la Miotte
Impossible de résister à l'appel du Ballon d'Alsace. A pied, a cheval, en VTT, à ski ou en raquettes on se rue à l'assaut de cette montagne (1247 mètres). La Savoureuse y prend sa source. Aux beaux jours, les randonneurs s'enfoncent dans la fraicheur des forêts de sapins et de hêtres. Les plus courageux s'attaqueront au GR5. L'hiver, le Ballon offre tous les plaisirs simples des stations familiales avec ses 12 pistes de ski alpin et ses 40Km de ski de fond.
Marianne Lohse
Informations et programme complet du Centenaire sur www.centenaire90.fr
